Cinquième album de la série La jeunesse de Blueberry, Terreur sur le Kansas marque le passage de relais entre
Colin Wilson et
Jean Giraud pour les dessins.
Le style graphique est ici bien plus maîtrisé que dans l'album précédent. le potentiel que l'on pouvait identifier est clairement confirmé. Les dessins sont résolument réalistes. Certaines couleurs ont été privilégiées. Celles-ci ne lassent pas et s'adaptent aux exigences du scénario. le bleu laisse ainsi progressivement la place au rouge. Les séquences de jour restent les plus sympathiques.
Le scénario, lui aussi, répond à ne nombreuses attentes. Cette deuxième confrontation contre Quantrill est en fait un match à trois. Il est difficile de déterminer quel chef est le plus odieux : l'unioniste Jim Lane était ainsi parti favori mais se fait rapidement distancer par son homologue sudiste, bien décidé à lui ravir le titre de grand méchant. L'action au rendez-vous, et l'histoire est plus diversifiée et passionnante que dans l'album précédent.
Les bonnes impressions sont nombreuses, mais il faut aussi compter avec quelques déceptions. Si les retournements de situation sont nombreux, certaines surprises et développements sont prévisibles. Les personnages secondaires (notamment Nugget) donnent également l'impression d'être de simples marionnettes, qui doivent remplir un rôle assez classique. le dénouement reste décevant et trop facile.
Terreur sur le Kansas apporte tout son sel à un diptyque des plus intéressants. La bande dessinée permet ici d'approcher les francs-tireurs et le concept historiographique de la guerre totale (avec notamment la question des civils, des uniformes, de la notion d'ennemi et des moyens qui peuvent être mis en oeuvre pour le combattre). Une bonne pioche donc… qui est par ailleurs émaillée de références considérés comme historiques.