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Critique de Ewylyn


J'ai passé un bon moment de lecture avec ces contes, néanmoins, je pense qu'il faut avoir une édition très fournie en dossiers pédagogiques, en préfaces explicatives. Sans cela, l'on risque bien de se retrouver devant des textes parfois obscurs, ou des zones d'ombres qui peuvent se révéler très intéressantes. Diderot, je l'avais découvert avec Jacques le Fataliste, qui restera mon récit chouchou de cet auteur, toutefois, je ne dirais pas non aux autres écrits du philosophe.

Chaque conte possède une âme, une ambiance, une critique. Diderot emploi un ton familier et proche, dans le sens où il livre ses histoires avec complicité. Il use d'une écriture proche de la conversation pour nous interpeller, pour créer un cercle intimiste et nous plonger plus facilement dans ses pensées. Il présente sa société, ses contrastes et paradoxes, les interrogations qu'elle soulève. Il se moque, il fait entendre toutes les parties pour mieux nous aider à trouver notre pensée, il joue de l'anecdote pour en faire une histoire entre le conte et l'essai philosophique.

Ceci n'est pas un conte et Mme de la Carlière nous présentent des affaires de couples, de moeurs libertines et de fidélité en jouant sur le conte et ses codes. Les deux textes sont très différents, si le premier est compliqué à lire à cause de son format pavé, le second s'avère très touchant. le couple que forme La Carlière et Desroches attisent notre compassion et curiosité, ils sont à la fois beaux et tristes. Diderot sait construire des personnages vrais et fascinants pour l'humanisme qu'il dégage, pour les vices et les forces caractérisant ces protagonistes.

Diderot joue sur les codes, la loi plus spécifiquement, avec le code civil, religieux et naturel. Les deux textes présentés ci-dessus en sont un bon début, cependant, le supplément au Voyage de Bougainville en est le parfait exemple. L'aumônier découvre une autre civilisation qu'il tente de rallier à sa religion, sans succès. Orou lui explique sa société, ses codes, son mode de fonctionnement à Tahiti et nous interpelle. La différence de culture est donc flagrante et nous interroge forcément. Par ailleurs, ce supplément est l'un de mes textes préférés, pour son ton cocasse et naïf, pour toute la portée philosophique qu'il revêt. Il fut fascinant à découvrir page après page et se révèle fluide et agréable à lire. J'ai bien aimé les débats entre A et B.

La campagne et Paris sont également au coeur du recueil avec La mystification et les Deux amis de Bourbonne. le premier a beaucoup de points communs avec le théâtre je trouve, il a côté Malade imaginaire de Molière. Diderot se moque des médecins et des charlatans qui composent cette caste. D'où le titre de mystification, il n'hésite pas à se moquer de la pauvre victime à travers les paroles folles du médecin. Les Deux amis de Bourbonne m'a également beaucoup plu, j'ai apprécié le cadre champêtre d'une part, l'intrigue d'autre part - qui se développe autour de l'amitié, de l'entraide, de la solidarité. Cette histoire se montre touchante et très forte.

Les deux derniers récits sont très intéressants, mais ils ne m'auront pas captivés à 100%. Ce sont des entretiens qui évoque la justice, ce qui est bon et ce que l'on doit faire, l'injustice sociale, l'athéisme et la religion, le caractère dévot et fanatique. Ils sont captivants, cependant, ils sont parfois longs et périlleux pour capter l'attention tout le long. Entretien d'un philosophe avec la maréchale de *** et Entretien d'un père avec ses enfants ont su me plaire.

En conclusion, j'ai bien aimé ces récits, tous ne m'auront pas forcément intéressés, toutefois, ils demeurent passionnants en terme de philosophie. Diderot a une belle plume, un style fouillé pourtant très appréciable à cause du ton de la conversion. L'amour, la religion, le social, les moeurs, la justice, tout est présenté par l'auteur avec esprit, entre critique et dérision.
Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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