AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Par un côté, surtout si l'on est sous l'influence des morceaux choisis scolaires, on verra dans ce Supplément de Diderot une satire de l'Europe et de sa civilisation, du point de vue des Tahitiens à peine découverts par Bougainville. Mais encore une fois, Diderot est plus futé que les professeurs du secondaire, et quand on lit sans oeillères l'oeuvre complète, on se rend compte que cette satire de l'Europe est l'aspect le plus convenu, le moins intéressant (pour l'auteur) de tout l'ouvrage. La preuve en est qu'après chaque noble discours indigné contre les méchants Blancs, A ou B (qui sont les personnages du dialogue) ajoutent une remarque en passant qui fiche tout par terre. le vrai sujet du Supplément n'est pas le colonialisme, mais la morale, et en particulier la morale sexuelle. On y apprend, de la bouche des Tahitiens, que la vraie richesse d'une nation, ce sont ses enfants productifs, et que pour l'acquérir, il faut promouvoir un natalisme de choc et interdire toute stérilité volontaire (non à la chasteté chrétienne), et toute restriction dans le choix des partenaires (non au mariage monogame). Un eugénisme doit être mis en place : ainsi les Tahitiens, ayant vu que les Européens étaient plus intelligents qu'eux, décident de croiser leurs femmes avec eux, afin de joindre leurs qualités et celles des Blancs, sans oublier d'éliminer le déchet qui pourrait résulter de ces métissages. Tout ceci est dans le texte, à condition qu'on le lise. Diderot échappe décidément aux simplifications de l'école.
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}