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Critique de Lucilou


L'incandescence.
Ce n'est pas un hasard si "Je serai le feu" est édité par "La Ville brûle".
Le feu appelle le feu, et la beauté aussi.
La grâce, la clarté et l'incendie.
Tout ça et puis le reste, la beauté des mots, leur chant souvent incantatoire.

Avec "Je serai le feu", Diglee -illustratrice, romancière et auteur de bande dessinée- réunit dans un écrin d'or, d'encre et de velours réunit les textes de pas moins de cinquante poétesses courant du XIXème siècle au XXIème siècle. Il y a celles que l'on connaît, mais si mal et si peu au fond: Emily Dickinson, Rosemonde Gérard, Marceline Desbordes-Valmore, Sylvia Plath, Anaïs Nin, Patti Smith… Et celles qui sont tombées dans l'oubli, parce qu'aujourd'hui, on lit si peu de poésie et parce qu'elles étaient des femmes. Surtout parce qu'elles étaient des femmes.
Comme si la poésie n'était qu'une affaire d'hommes... C'est presque ce qu'on a appris à l'école d'ailleurs...non?

Avec le talent, l'engagement et surtout la sensibilité qu'on lui connaît, Diglee fait sortir de l'oubli où les a plongé l'histoire littéraire ces femmes et leurs textes.
C'est une anthologie complètement subjective qu'elle nous propose, faite de fragments et d'éclats, de bribes et d'étincelles des textes qu'elle aime et qu'elle accompagne de biographies toutes aussi subjectives de ces magiciennes du verbes, différentes mais toutes ardentes à leur manière, qu'elles soient "filles de la lune" ou "prédatrices", "mélancoliques" ou "consumées", "insoumises ou alchimistes".
L'ensemble n'en est pas moins érudit pour autant, mais il n'a ni froideur, ni distance. Il est composé et illustré avec le coeur et les tripes, avec passion, avec poésie et s'y plonger, c'est prendre le risque d'y laisser le coeur et les tripes, de partager les mots et les souffrances, les rêves et les embrasements de chacune des poétesses qui se livrent-là...

Et de la beauté de ces vers jaillissent tant de forces et tant de choses...
La lumière des étoiles et la sensualité, la tristesse et le désir qu'elles ont osé écrire.
Et tant pis pour la moral.
La grandeur de la nature et la tentation du désespoir. de la mort aussi parfois. Celle de l'érotisme qui affleure sous le désir et du feu qui consume.
Et tant pis pour ceux qui condamnent.
La force du langage brandit comme une formule magique et la puissance de l'écriture qui fait fleurir le désert et plier l'orage.
Et tant pis pour ceux qui ne comprennent pas.

Elles étaient le feu.
Elles faisaient, elles aussi, la beauté qui s'appose, comme un incandescent papillon, sur nos bouches assoiffées de poésie. Au même titre que tous les autres.
Merci à Diglee de nous le rappeler.














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