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Critique de Pris


Pris
15 février 2022
Un migrant sur deux est une femme. Voilà pour les statistiques. Dans ce roman, ce sont les jeunes gens qui quittent leur île sénégalaise pour se rendre en Espagne en pirogue. Les chalutiers européens pillent les ressources halieutiques, la faim est présente, les mères et grands-mères rivalisent d'ingéniosité pour nourrir les ventres affamés.
Les fils partent. Restent les mères, les épouses et les enfants. Ces femmes portent leur famille à bout de bras, les hommes ne servent pas à grand-chose dans ce roman si ce n'est à opprimer Celles qui restent.
Aramé, la grand-mère, mal mariée, s'occupe d'un époux grabataire qu'elle hait et des enfants de son fils aîné, décédé, abandonnés par leurs mères. Bourna, coincée dans un mariage polygame, rêve de prendre sa revanche sur la première épouse et envoie son fils en Europe, après l'avoir marié à une fille du village qui fera alors ses corvées à sa place. Coumba, jeune épouse abandonnée attend, subit l'absence de son époux tout en servant de bonne à tout faire à sa belle-famille. Enfin, Daba, contrainte de casser ses fiançailles par sa famille, épouse un homme déjà parti.
A travers ces quatre personnages, Fatou Diome fait un portrait sans fard de la société sénégalaise, de la place des femmes, des solidarités et des dettes qui s'y contractent non sans égratigner au passage l'Europe et son attitude envers l'Afrique : "Les pays européens ont [...] intérêt à maintenir l'Afrique tout juste en état de fonctionnement, assez pour rendre disponibles ses matières premières et ses jeunes forcenés de l'immigration, si nécessaires à la survie d'un continent vieillissant à la démographie moribonde."
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