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Critique de Flaubauski


Les ossements du titre, ce sont ceux de tous les Tutsi massacrés pendant le génocide perpétré par les Hutu, ossements laissés à la vue de tous dans un bâtiment mausolée, à Murambi, symbole du génocide en ce que, dans son école technique, 45 000 Tutsi furent tués, alors qu'ils avaient été envoyés dans cette école pour être protégés, finalement laissés à la merci de leurs bourreaux par les autorités quelques jours plus tard.

Ces ossements, Cornelius, de retour au pays peu de temps après la fin de la tragédie, après qu'il a été exilé de nombreuses années auparavant alors que la situation devenait de plus en plus tendue entre les deux populations - ayant déjà donné lieu à des massacres Tutsi -, veut les voir, lui qui a été protégé de l'horreur pour laquelle il est difficile de trouver les mots justes.

Au contraire de ses amis, Jessica, devenue espionne du Front Patriotique Rwandais et Stanley, tentant tant bien que mal, pour ce même Front Patriotique, d'évoquer la situation dramatique du pays à l'international, et de sa famille, notamment son oncle, Siméon, qui sera à l'origine de l'exil de son neveu. Au contraire également de ces bourreaux, par choix – ainsi du milicien Faustin – ou par contrainte – le père de Marina – ou encore des autorités françaises qui auront laissé les choses se faire, et même pire, auront aidé à ce qu'elles se fassent – le colonel Perrin en étant le principal représentant. Et le retour de Cornelius, dans cette enquête sur le génocide qui se fera jour au fil des pages sera tout autant pour lui source de révélations, terribles, tant personnelles que collectives, sur l'histoire de Murambi.

Le grand tour de force de ce roman se tient dans la multiplicité de ses voix, points de vue, éclairages, disséminés au cours du récit, permettant au lecteur de saisir aussi bien la complexité du drame que la difficulté à le décrire, laissant la parole à tous ses acteurs, victimes comme bourreaux, chose peu courante. Multiplicité permise par les recherches, entretiens… réalisés par Boris Boubacar Diop qui ne devait, au départ, qu'écrire un court texte qui aurait conclu un atelier d'écriture proposé à des auteurs africains pour apporter leur propre éclairage sur le sujet.

Un roman en somme extrêmement fort, qui ne peut laisser indifférent.
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