Précédé d'une réputation flatteuse et de commentaires dithyrambiques de la presse, repris en troisième de couverture, j'attendais beaucoup de ce livre. (Très) grosse déception. Si les iraniens ont selon l'auteure l'art de remplir le silence de paroles, Negar Djawadi a rempli son roman tel un fourre-tout : son itinéraire personnel sert de fil rouge, l'histoire de sa famille proche et lointaine est abondamment détaillée, et le tout est entrecoupé de digressions sans fin, bien éloignées du récit (peut-on d'ailleurs parler de récit dans ce cas?).
A propos d'éloignement, Téhéran est loin. Mais l'heure du repas est proche. Ce midi, je vais manger des crêpes. Généralement le sujet provoque polémiques. La pâte doit elle contenir ou non du lait ? Crêpes ou galettes ? Sucré ou salé ?
Enfin passons… Djavadi perd le lecteur entre ses oncles, pourtant numérotés pour mieux les distinguer. Elle laisse entrevoir par moment l'histoire de l'Iran et de l'opposition (laïque) au shah. Mais tout cela manque de logique et de constance. Comme une flopée de paragraphes embrumés qui surgiraient les uns à la suite des autres.
Les crêpes ont l'immense avantage d'être un lien inter-générationnel. Elles nourrissent les grands et font les délices des petits.
Or ce lien entre les générations paraît un peu absent dans l'univers de
Négar Djavadi. Selon sa fiction (ou reconstitution), tout ce qu'elle nous raconte de sa famille, à de très rares exceptions prés, découle du récit qu'il lui en a été fait, de propos repris et de quelques photocopies de lettres familiales. Par delà le pittoresque de certaines situations, on ressent confusément un personnage auto-centré, spectateur un peu indifférent des événements qui surviennent aux autres et qui reprend après coup à son compte l'histoire familiale.
Alors que les crêpes, elles, ont toujours une histoire familiale à nous raconter. Souvenirs d'enfance liés à une grand-mère, confitures délicieuses de début ou de fin d'été.
Bref, je suis passé à côté de ce livre, que j'ai tenu malgré tout à finir, avec un peu d'énervement à la fin. Bon je vais repasser aux choses simples. Une beurre sucre.