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Critique de lalahat


L'univers de Djian est toujours sombre et cruel, avec des personnages désabusés et abîmés, voire détruits par la vie. Son écriture ne fait pas dans la dentelle, mais elle n'est pas dénuée d'humour. Ici, c'est autour d'un drame familial que l'intrigue s'organise. Celui des Trendel dont la fille, Lisa, est morte noyée dans un lac à deux pas de la maison. le récit s'intéresse plus particulièrement au jeune frère de 14 ans, Evy, adolescent mutique, étrangement soupçonné d'en être responsable. le père, Richard, quant à lui, typique personnage masculin de Djian, écrivain has been, ex-junkie, est en pleine déchéance avant même le terrible accident. Il pourrait bien faire son hymne du morceau des Smiths, This charming man, à moins que ce ne soit plutôt Evy, son fils. Laure, la mère, sorte de Mrs Robinson qui se morfond en province, a amorcé une carrière de vedette fulgurante mais de courte durée. Les rapports des parents sont de nature violente et les enfants s'en accommodent comme ils peuvent. Comme si le tableau n'était pas complet, il faut ajouter les grand-parents, avec principalement, André, le père de Richard, psychanalyste retraité qui s'efforce de recoller les morceaux, à sa façon.

On ne nage pas dans le bonheur ; rien d'étonnant chez Djian. Aux éditions Gallimard, le volume arbore une superbe jaquette, pourtant, d'un bleu profond, qui reflète bien le contraste dans l'oeuvre de Djian entre ses personnages déchirés et leur environnement souvent d'une beauté renversante. Comme s'ils s'efforçaient de gâcher les conditions paradisiaques originelles. On est dans le registre de la tragédie. On ne sait pas où se situe exactement le quartier résidentiel huppé que décrit Djian. Los Angeles ? L'élément central du récit est un lac maléfique. du jardin d'Eden subsiste une plate-forme en bois aménagée tout en haut d'un grand chêne. C'est une sorte de vestige des jours heureux où Evy se réfugie encore, qui lui permet de s'extraire de la réalité morose, et de prendre de la distance. Mais les ados s'échappent aussi du monde par d'autres moyens.

Djian s'est-il inspiré de sa propre expérience? le monde adolescent de son roman semble cohabiter tant bien que mal avec celui des adultes. En fait, il décrit deux univers parallèles qui se jaugent, parfois se croisent mais ne se rencontrent jamais vraiment. Et l'effet qui en ressort est très réaliste. Chez les ado, contrairement aux adultes, aucun souci de la bienséance, le sordide l'est sans masque, dans toute sa brutalité. La dépravation est totale du côté des adultes, et la relève s'annonce bien pire encore.
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