Elle tenta de se dire qu’elle détestait également le cynisme et que Stanislas Karewski était un cynique… qu’il ne voulait des femmes qu’un moment de plaisir, qu’il cultivait la cruauté comme d’autres un art d’agrément. Ce qu’elle refusait d’admettre, c’est qu’il l’attirait plus qu’aucun homme au monde, qu’elle eût accepté tout de lui, les humiliations avec les caresses, tout… parce qu’en elle un instinct profondément refoulé appelait cet homme-là.
On ne doit jamais se confier. Il ne faut jamais oublier que quelqu’un se tient à l’affût pour nous dévorer. Je ne parle pas ainsi parce que ce continent compta des cannibales, dans la nuit des temps… Chaque matin, répétez-vous que parmi les amateurs de gigot de mouton et d’ananas que vous allez côtoyer, il s’en trouve au moins un qui attend la seconde propice pour se repaître de votre chair. Celui-là ou un autre gobera votre âme en guise de dessert.
C’est une légende. Il n’y a pas de cruauté chez le loup. Tuer lui est un devoir, pour assurer la nourriture de sa femelle, des petits, et la sienne. Il ne tue pas lorsqu’il est rassasié. En quoi il est meilleur que l’homme.
Retenez ceci, c’est valable dans tous les domaines : ou l’on progresse, ou l’on périclite. Il n’y a pas de position intermédiaire. Et dans n’importe quelle branche, on réussit à force de travail. On aura beau bourrer le crâne aux jeunes individus mâles et femelles, les paresseux sont balayés. C’est une loi de nature, pour une fois la loi est juste.
Quand on n’est pas capable de s’apercevoir qu’un cheval s’est déferré, on s’abstient de promener une passagère, le risque est trop grand pour elle. Il l’est également pour l’animal…