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Critique de frandj


C'est un très grand roman. le texte est long, l'histoire complexe, les personnages nombreux. Devant un tel monument, il faut un peu d'audace pour s'en tenir à un très bref commentaire. Mais, pour faire court, je dirai simplement que les trois principaux thèmes du livre sont la société russe; le nihilisme; le caractère du personnage principal (Stravroguine).
D'abord la société russe: elle était déjà en évolution au XIXème siècle, à l'époque où a été écrit le roman, puis elle a subi une profonde mutation après 1917. L'auteur nous fait donc visiter un monde qui a complètement disparu, avec ses diverses classes sociales, ses valeurs, ses conventions, ses questionnements, etc. Dostoievski nous fait voir comment s'agite le microcosme d'une ville russe, avec ses nombreux protagonistes, avec ses grands événements et ses petits scandales, avec beaucoup d'agitation et de bavardages d'apparence assez vaine.
Par ailleurs, l'auteur attire toute notre attention sur un petit groupe de comploteurs d'inspiration nihiliste, dirigé par Verkhovensky. Pour Dostoievski (devenu "russophile" dans la seconde partie de sa vie), cet individu correspond au prototype du révolutionnaire le plus haïssable, dont le but est de saper tous les fondements civiques et moraux de la Russie: lui et ses acolytes présentent des profils bien différents - du meilleur au pire - mais, en fin de compte, ce sont des "démons", "possédés" par des idées et des projets mortifères. Une place importante du livre est consacrée aux discussions interminables et aux plans machiavéliques (ou qui veulent l'être) du groupe Verkhovensky. En fait, ces individus m'apparaissent presque comme des pantins génialement maniés par Dostoievski. Pour dire la vérité, j'ai du mal à prendre au sérieux ces factieux, dangereux mais bavards et dilettantes, surtout quand je pense aux révolutionnaires "professionnels", déterminés et disciplinés, qui apparaitront au XXème siècle et dont la stratégie aura une échelle planétaire.
Quoique particulièrement cynique, le chef, Verkhovensky, éprouve une sorte de naïve dévotion pour Stravroguine (qui me semble être le personnage principal du roman); celui-ci est incité à prendre la tête du groupe de factieux. Mais, enfermé dans son orgueil et son négationnisme religieux, il veut surtout vivre sa vie en s'exonérant de toute obligation et de tout garde-fou moral. le lecteur sent bien que, avec cet homme fascinant, l'auteur explore une dimension différente: Stavroguine parait personnifier le Mal - non pas d'un point de vue politique, mais sur un plan presque métaphysique. En témoigne, par exemple, un passage (exclu de la première édition), le récit - assez elliptique - d'une atroce vilenie qu'il a accomplie vis-à-vis d'une petite fille, autrefois. Bien entendu, toute cette histoire ne peut que très mal finir…
En conclusion: quoique sa lecture soit longue et assez difficile, ce grand roman me semble être le meilleur de Dostoïevski.
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