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Citations sur La maison isolée (17)

« Valseurs éphémères »

À la dernière heure
De la vie qui leurre,
La fleur quitte la feuille
Qui chute de la tige
Lentement s'endeuille
Puis au néant voltige.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !

À la caresse du zéphyr
S'éteint tout désir
Mollement au sillage
De l'oubli qui voltige
Aux accords volages.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !

À la voix de l'étreinte,
Gens et choses sans plainte
Modulent des complaintes
Au morne et dernier matin
Au chemin du destin.
Dansez poussières !
Dansez comme des poussières
Valseurs éphémères !

L'oiseau et l'abeille
En quête de butin,
À la valse s'éveillent
Ne sachant où faire pause
À la valse des lutrins,
Fête morose.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !

Grain par grain la bise
Soulève la montagne
À tête grise
Solitaire en campagne
Qui valse sans répit
Au chemin de l'oubli.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !

Valse aussi sous l'arbrisseau
Le gai et doux ruisseau
Qu'égare de son cours
Le rocher qui s'en va à tour
Molécule par molécule.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !

Valseur diabolique
De la voûte cosmique
Le trépas chute de vertige
Sur l'homme, dernier vestige
Lui clos les lèvres,
Le fait cadavre
À la valse des ivres.
Dansez poussières !
Dansez comme des chimères
Valseurs éphémères !
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« Variantes »

Le triste moulin des ans
A broyé et mis en sang
Les mourants panoramas
Râlant au cruel coma,

Impuissante, mainte nature
S'éteint dans sa parure.
À l'hymne de l'Éternité,
Beauté n'est que vanité.

Déjà le bois est sans feuille
Et voilà que la nature en deuil
La vaine nature éphémère
Tombe en fines poussières.

À cette aube déclive,
À cette heure trop hâtive,
Vain solitaire indolent
À pas indécis et lents,

Je m'en vais bien pensif
Doucement au pied des récifs
Car ta latente mort,
Nature, me prédit mon sort !

De la vie, infortuné galant,
L'homme apparaît allant
De jour et de nuit au tombeau
Le cœur sans cesse aux sanglots.
Mainte nature ! Homme et bois !
Salut pour la dernière fois !
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« Sont-ce les vacances ? »

Sur nos toits, sur ceux de là-bas,
Le ciel morne verse déjà
Des langueurs
Et des pleurs !
Au bahut, la rouille fait grincer
Des volets et des pupitres les charnières,
Tandis que la mousse ouvrière
Dans les bouquins se met à pincer
L'oubli
Sans répit.
Dans les cours verglas et silence
En perpétuelle audience
Chargent sans cause un dortoir muet,
Une salle, un triste chevalet !

L'abeille a déjà son essaim
Dans le verger au sein
Du vieux manguier,
L'herbe qui bouillonne
Dans les sinueuses allées,
L'insecte qui papillonne
Dans l'inerte cheminée
Traduisent bien les vacances
Avec impertinence !
Aucune âme qui vive dans les classes,
Dans ces classes jadis vouées aux ivresses.
Sont-ce déjà les vacances ?
Où sont-ils tous les oiseaux ?
Sont-ils tombés dans l'eau
Par folle imprudence ?

Jadis, quand ils guettaient le bahut
Que les études transforment en prison,
Ils venaient habiter ma maison
Qui s'accommodait à leur chahut.
Où sont-ils ces frêles arbrisseaux ?
Sont-ils noyés dans le ruisseau ?
Au bahut, la rouille fait grincer dur
Des volets et pupitres les charnières,
La poussière ternit les murs,
Le rat languit dans la cuisinière,
Pourtant je n'entends
Point de ces moineaux volages les cris.
Sont-ils tombés dans un étang
Après un insecte, un petit cri-cri ?
Ont-ils préféré la musique de quelque villa
Au bruit de ma douce pétaudière ?
Je voudrais les revoir, ces gars
Dans le badinage de mon ornière.
Sont-ce déjà les vacances ?
Où sont-ils tous les oiseaux ?
Sont-ils tombés dans l'eau
Par folle imprudence ?

L'on dit qu'ils sont innocents
Comme au ciel les anges,
Doux comme les petits agneaux
En extase dans la grange
Cependant que leurs tours méchants
Font entrevoir les tombeaux.
Sont-ce déjà les vacances,
Temps de sotte vengeance !
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« Vase clos »

L'homme est une maudite toupie
qui roule sans répit dans la poussière
Variante où, en fauve, se tapit
L'incertitude des ans poussières.

Noyé dans l'Univers et les tribulations
Qui lui pèsent comme un géant château,
Il tente de trouver consolation
Au sommet des chapiteaux.

Au long de sa brumeuse destinée,
Il va clopin-clopant, déjeunant d'ennuis
Dînant de souillures, de pourritures,
Le cœur gros, l'âme minée.

Le cœur humain est un vase clos
Qui a mauvaise résonance.
Le contraire est absurde et faux
Et égare celui qui l'accepte, le pense.

S'il en était autrement, pareils
Bruits feraient trembler toute la terre
Et déchireraient les cieux, le soleil
Puis feraient voltiger les îles, même l'Angleterre.

Chaque être qui va son chemin est un poids
D'événements néfastes et accablants
Qui se déplace avec ce doux froufrou de soie,
En silence, d'un pas tremblant.
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« La Route »

Comme elle est intelligente la route !
Mais pour sa naissance,
Quelle sueur empreinte de doute
A-t-il fallu verser sans défaillance !

C'était au temps où, vains cadets,
Nous étions sans machine, temps où
Le muscle était d'acier mou,
Et où l'on allait à pieds.

Ainsi créées, partez routes,
Sans souci de droiture aucune.
Allez partout où l'on doute,
Partout où trône la lacune !

La route part, tantôt vaste,
Tantôt mince ou étroite,
Avec ses méandres en accordéon
Et serpente au vallon !

Hardie comme un vaillant cycliste,
Elle grimpe le coteau aride,
S'obstine comme un bouddhiste
Et va son chemin d'un pas valide.

Le trajet a été rude au coteau !
Pour se refaire elle plonge dans l'eau,
Fait naître un bac, un pont
Puis repart avec des palmes au front.

Ouf ! Il fait chaud ! Quel soleil !
La route se précipite au bois,
Flâne en dandy, sommeille
Puis se relance d'une allure de Roi.

Comme l'ombre miaule et descend,
Comme le soleil en déroute
Sombre dans son propre sang,
La route revient au logis à l'heure du doute.

Sage, la route revient toujours
À son doux point de départ !
Mais l'homme qui va au hasard
N'est souvent pas de retour.

La route est-elle plus intelligente
Que le père, la mère ou la tante ?
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« Chanson des vagues »

L'Océan s'étale dans le lointain
Cachant dans ses flots le mystère.
Soucieuse, elle s'accroche à mon bras d'airain
Sanglote et pleure sa misère.
L'Océan s'agite
Son cœur palpite.

Sur la grève, la vague qui s'allonge
Prise de fureur, se tord, se casse.
Devant le drame, dans mon cœur plonge
Le doute noir qui crie de détresse.
Soucieuse, son cœur frémit
Blessée, la vague gémit.

Dans ce hameau où la mer crie,
Mon cœur sur mes lèvres s'évanouit
À vertigineuse allure de cascade
Qui pleure dans ses ballades.
Angoissée, elle s'accroche
À mon cou de roche.

La déesse descendue sur plage,
La mer fascinée cesse ces clameurs.
Tous les oiseaux venus à la nage
Entonnèrent une ode en son honneur.
Grâcieuse, elle se balance
Amoureuse, la mer danse.

À l'appel de son nom, les cieux entonnèrent
Au rythme des vagues, une sérénade
Que les lames, le sable, interprétèrent
Tout doucement en tendre aubade.
Mon cœur connut un déchirement
Continu, sans apaisement.

Le temps est d'argent sur cette grève
On s'amuse, on s'oublie, car on rêve.
Son charme a gagné l'Univers
Je lui dédie ces vers !
Au cri des bravos
Les morts sortirent des tombeaux.

Après tant de grâce, elle a gagné sa cabane.
Devenu vieillard et m'appuyant sur ma canne,
J'ai sangloté comme une veuve sans soutien
Ayant perdu à tout jamais l'entretien
Des jours de délice où sa tête sur ma poitrine
A fait retentir d'espoir ma narine.

Les belles choses ont de commun l'inconstance
Les nuits troubles font naître la somnolence.
La douceur des lunes appartient à d'autres.
Je ne serai du souvenir, que le fidèle apôtre.
Mon cœur serré comme dans un étau,
Connut de douloureux coups de rabot.

Une nuit que je me débattais avec mon âme,
J'entendis comme un ouragan le sinistre tam-tam.
Le jour succédait au jour et déjà
L'écho colportait ailleurs et là-bas
La rumeur irrévocable de son union
Avec son autre Amour Dynion.

Oui ! Je me souviens
Encore de nos liens.
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« Triangulaire »

Gravement surpris, le soleil se précipite au gouffre.
Acharné, l'oubli tisse son interminable manteau.
Au port, le marin attend en vain son bateau.
Viendra-t-il ? il est chargé de feu et de soufre.

Une vieille qui gémit sur ses ans
Symbolise le suprême et fatal élan.
L'homme glisse sans bruit, sans non plus
Laisser trace de son éphémère séjour.

La pierre isolée où vient pleurer un jour
Un orphelin, affûter sa lyre un grillon velu
Devient à son hiver, poussière.

La poitrine à l'espoir, l'homme dans sa misère
Croit mutiler l'Univers — Peine perdue !
Les ans l'étendent tel un pendu.
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« La Chemise usée »

Quand fil à fil la chemise
Trahit et fait mauvaise mine,
Le fripier s'en empare volontiers
Puis en fait des merveilles pour l'écolier.

Morte ainsi, elle vit encore !
C'est surtout la joie des usines et des élèves.
Comme elle, s'use trop tôt à l'aurore,
Notre corps, heure par heure, sans trêve.

Comme le fripier, le cimetière se dresse,
Nous jette dans l'engrenage de son usine,
Pour en faire la joie d'inconnues déesses.

Quel doux plaisir, celui de voir l'étape !
Cent fois gloire aux femmes en gésine
Qui y arrivent en silence comme Œdipe.
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« Chirurgie »

La nuit tombe sur les vitrines,
J'entends le souffle inégal des poitrines.
Dans l'ombre, quelqu'un avance
Avec dans la main, une lance.
Sans bruit, il gagne le berceau
Où repose un joueur de cerceau.

À la lueur des candélabres,
De son regard macabre,
Il épie père et mère
Morts d'un sommeil de vipère.
Personne ne veille, l'heure est propice
Là-haut les étoiles, en bas le précipice.

Il hésite, s'approche, s'approche
De l'enfant qui songe, qui dort,
Lève son glaive jadis sans reproche,
Et lui donne le fatal essor.
Au même moment une étoile filante
Irradie le ciel puis tombe mourante.

Le fer plonge dans la poitrine,
De qui le ciel est jaloux.
Le sang coule et tache sa narine,
Son gosier a des accords épais et doux.
L'ombre de l'oubli descend,
Inodore, dans la mare de sang.

Le cerveau coule et s'étale inerte,
La mouche vient, avide de fête,
À ce triste festin sonore.
Le gaz crépite, crépite dès lors,
Une odeur de mausolée
Vient parfumer cette scène voilée :
Le glaive plonge dans la poitrine !
Les poumons jaillissent,
Il plonge dans l'échine,
Les vertèbres apparaissent.
Le sang gicle, l'eau ruisselle,
L'horreur naît et s'amoncelle.

Le berceau de jour et de nuit
Se couvre de lugubrité cynique,
Le scandale et le sacrilège, c'est un puits.
Le chaos crève dans la panique,
La vie s'est éteinte à l'aurore
Dans la scène de mort.
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« Mélange sanguin »

À mes pieds, hypocrite, mystérieux, perfide,
Le sinistre Océan étale ses eaux sournoises et limpides
À l'interminable et diabolique clameur,
Chez nous riverains, symphonique terreur.

Lugubre, insatiable, il se dresse altier
En dauphin, seigneur, empereur fougueux,
Fait des veuves dans les hameaux côtiers,
Crée de tristes tableaux langoureux.

Pleure-t-il seulement le nombre
De marins dans ses flots engloutis ?
Ses tristes exploits dans l'ombre
Rendent plus méchant son sournois clapotis.

Son fatal écho vient gémir au hameau
Qui par contagion, se fait de la mort le héraut.
Partout, d'ignobles cabanes prêtes à crouler,
Des ruines graves de choses et d'animaux mêlés.

La présence humaine est d'or en ce lieu,
Par moments, une vieille ou un vieux
Qui n'attendent plus que le gong brutal
Sont les seules figures de ce lieu fatal.

Voici longtemps que les masures sont muettes,
Œuvre de la vétusté dans le temps accomplie.
Sur leurs flancs qui s'effritent, point d'espérance,
Elles s'en vont miettes par miettes sans répit.
Elles se dressent en rempart contre l'adolescence,
Le passé et les sombres mouettes.

L'on n'y voit point des punaises les frêles squelettes.
Est-ce qu'elles se cachent pour mourir ?
A-t-on besoin pour finir
De tant de farces, de tant de saynètes ?

Entre le village pensif et l'Océan rageur,
Le cimetière est là, grave, sauvage
Adossé à l'oubli, éclos de fleurs
À l'interminable mouvement de tangage.

On dirait qu'elles ventent ceux qui reposent
Là depuis, les lèvres à jamais closes.

Les tombes ne portent point d'épitaphes.
Chez nous, les légendes en tiennent place
Quand, inattendue, tragique, la glace
De la mort vient grêler le cœur philosophe.

L'Océan taciturne, le morne village
Et le cimetière font là un triste étalage.
Au tendre bébé il faut un doux berceau,
À notre dépouille un morne tombeau.
S'il faut au petit oiseau la graine
Pourquoi pas au cimetière la gangrène ?
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