AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kielosa



Le Dovlatov de l'histoire (il est difficile de déterminer dans quelle mesure ce récit est autobiographique), âgé de 45 ans, vit à New York et travaille comme journaliste à la radio "Troisième vague" pour l'émission "Faits et gens". Une cinquantaine d'émigrés russes y travaillent pour suivre attentivement, d'un oeil évidemment fort critique, ce qui se passe au paradis de leur naissance. Parmi eux, il y a le petit-neveu de Kerenski, un lointain descendant des tsars, des anciens combattants de l'armée de Vlassov et Rudi, un intellectuel noir américain amateur de la poésie d'Anna Akhmatova.

Or, probablement parce qu'en URSS c'est la période de la perestroïka, où la lecture de Vladimir Nabokov n'est plus taboue et où les premiers cafés privés s'ouvrent, de l'autre côté des États-Unis, à Los Angeles, un grand symposium est organisé sur "La nouvelle Russie".

Vu l'importance de l'événement, le chef de la Troisième vague Tarassevitch décide d'y expédier notre Dovlatov en mission, ce qui ne l'arrange pas du tout, parce qu'il préfère rester près de sa femme et fille à Manhattan et y écrire de la littérature.

Signalons que le vrai Sergueï Dovlatov, né à Oufa en Bachkirie en 1941 et d'ascendance juive par son père et arménienne par sa mère, est effectivement parti pour New York en 1979 avec sa mère, sa femme Elena et sa fille Katarina.

Je me permets de renvoyer à ce propos à mon billet du 20 octobre dernier relatif à son ouvrage fort instructif de l'eldorado communiste "Le compromis".

Le symposium, organisé par l'institut californien des droits de l'homme et qui réunit 90 participants venant d'un peu partout, y compris d'Europe et d'Australie, est axé sur 3 thématiques : politique, religieux et culturel.
Il s'agit en fait "d'une tentative de modélisation futurologique de l'image civile, culturelle et spirituelle de la Russie future.
À ce moment, il n'y avait bien sûr pas encore de Poutine, à l'horizon.

À ce symposium assistent plusieurs célébrités, tel le poète Abrikossov (de son vrai nom Katsenellebogen - coude de chat en Français), l'artiste Boris Pinkhoussovitch (avant Pétrovitch)... et la séduisante Tassia (diminutif d'Anastasia), un ex-premier grand amour de notre héros et femme fatale par ambition.

À partir de ce moment le lecteur a droit à des retours en arrière sur la liaison problématique et franchement impossible, à Kronstadt et Leningrad, entre le jeune futur écrivain et la capricieuse beauté.

Roman ou plutôt une longue nouvelle de 135 pages, l'ouvrage est surtout intéressant pour les vues de l'auteur sur la vie en l'Union soviétique des "Dinosaures" (Brejnev, Kossyguine, ...) et sur la communauté new-yorkaise de réfugiés russes.

J'aime beaucoup le style précis de Sergueï Dovlatov et son excellent sens d'humour. C'est pourtant avec une bonne dose de mélancolie que j'ai lu "La Filiale" à cause du décès de l'auteur peu après la parution de son oeuvre en 1990, à seulement 48 ans (d'insuffisance cardiaque) et l'évolution que la Russie a prise sous la direction du criminel Poutine et son gang de mafieux et qui va donc exactement à l'encontre des espoirs du symposium de Los Angeles sur la "nouvelle" Russie.

Pour ne pas terminer mon billet sur une note négative en cette période de fêtes de fin d'année, quelques considérations dovlatoviennes amusantes. "Des Nezov, on en trouve autant qu'on veut, mais Bouchov, par exemple, c'est moins courant. Il y a des Tulipov, mais je ne connais aucun Dahliaov."
Commenter  J’apprécie          500



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}