De plumes et de plomb

À force de fuir, vous vous empêchez d'être.

Vous êtes en vie et cela fait de vous une super-héroïne.

Si je n'écris pas, je m'éteins.

Cette matière douce et fine s’est transformée en une lame aiguisée. Par réflexe, je secoue ma main droite, je l’agite afin que la douleur trouve la porte de sortie, qu’elle s’en aille d’elle-même. Ce geste crée un afflux de sang qui, à défaut d’irriguer mon cerveau, ruisselle sur ces feuilles et sur ce sol angélique. Je peine à retrouver mes esprits et à reprendre une respiration normale. J’attrape un mouchoir dans ma poche et m’en sers de compresse pour faire cesser cette boucherie.

Allongée dans cette bulle entre enfer et paradis, mes douleurs me reprennent ; des pincements qui se font de plus en plus présents. Des coups de hache me transpercent les omoplates, je lutte pour ne pas que mes mains se dirigent vers elles, pour ne pas faire de ce mal intenable une agonie lente et mortifère. Ma force pourrait faire cesser ce purgatoire, mais à quel prix ? Dois-je sacrifier ma vie ? Les arracher ne ferait qu’accentuer le mal-être qui m’a menée droit en isolement, cela ne ferait que me rappeler ce que je suis...

Depuis quand le fait d’être mince est-il synonyme de maladie ? L’on me craint comme si j’étais contagieuse, comme si l’on pouvait disparaître à mon contact, est-ce de la peur ? Du rejet ? De la discrimination ? Quand comprendront-ils qu’être svelte n’est pas toujours un choix, que cela peut devenir un complexe, un mal-être né de leur regard ? Je ne veux plus avoir à montrer que je suis légitime dans une société où il faut être imposant, m’efforcer à prouver que...

Malgré ma naïveté, j’oscillais entre incompréhension et colère, entre un infini respect pour tous ces enseignants dévoués qui ne faisaient qu’exercer leur passion sous la coupe d’une éducation archaïque ; cette institution d’un autre temps qui a pour rôle de façonner de futurs adultes brillants et non des libres penseurs. Je savais que ce système éducatif ne coïncidait en rien avec mes aspirations, que je ne saurais être moi dans un monde où il est plus sécure d’être entouré d’avocats, de médecins et de banquiers que de peintres, de danseurs et de poètes.

Crayon empoigné, j’ai une arme de guerre entre les mains, je joue ma vie, j’esquive les bombes et les balles. Je sombre de plus en plus dans cette noirceur, dans cette addiction qui me plonge dans un monde où personne ne peut entrer, où personne ne peut me suivre. Je la déteste autant que je l’aime, je la maltraite, c’est un combat de tout instant, une lutte entre ce corps immobile qui cherche le mouvement et cette dualité entre le réel et le factice. Au contact de cette frénésie naissante...

50 €. Billet posé sur la table, mon cerveau ne répond plus, mes yeux fuient celle qui de son regard intensément me persécute. Fébrile, de mes mains je masque les moindres centimètres de ma peau, tous ces pixels qui côte à côte, font l’être que je suis. Mise à nu, je mise tout sur elle, sur cette femme qui tantôt me ramène à moi, qui tantôt délicatement me sort de moi-même. Sa voix me glace le sang, me réancre à cette triste réalité, à celle qui...

Le spectacle est somptueux, des dizaines de gelées de mer se meuvent avec volupté les unes contre les autres. Chaque nage est à la fois solitaire et collective. Ensemble, elles forment une chorégraphie des plus harmonieuses, des plus féériques, leur ossature dépourvue de tout squelette fait d’elles des êtres légers et insouciants. Pour tout terrien qui se respecte, elles restent des créatures irréelles voire mythologiques, des êtres mystérieux en raison de...