Ce livre jeunesse est un documentaire vraiment très très proche de la réalité. Ceci pour une bonne et simple raison. L'auteur n'est autre que la mère de celui qui a oeuvré pour la reconnaissance du macaque de Sibérut en tant qu'espèce à part entière et non en tant que sous-espèce du macaque à queue-de-cochon auquel il était rattaché auparavant.
Christophe Abegg, c'est son nom, est un authentique primatologue, c'est-à-dire un spécialiste du comportement animal, en particulier social. Lorsqu'au hasard de ses pérégrinations il atterrit dans cet archipel situé à l'ouest de Sumatra, il fut frappé par les tendances comportementales de ce macaque qui le faisait ressembler, comportementalement parlant beaucoup plus aux macaques de Sulawesi qu'au macaque à queue-de-cochon. Il a donc lancé une investigation génétique qui lui a donné raison.
Le malheur, c'est que ce macaque vit sur de très petites îles indonésiennes où la population est très pauvre.
Après quelques semaines de repérage, il projeta de fonder une station d'observation des primates dans un endroit jugé par lui idéal. Il retourna en Europe et ailleurs essayer de trouver des financements afin que cette station voie le jour, mission très fastidieuse s'il en est, car les gens trouvent toujours les idées fabuleuses mais quand il s'agit de passer à la caisse, il n'y a jamais plus personne.
Bref, quelques longs mois s'écoulent, notre primatologue retourne sur les lieux idylliques où doit s'élever la station et...
... et...
... la forêt a entièrement disparu, brûlée, coupée, envolée, partie. Il ne reste plus rien qu'un tas de souche et une terre désolée. Inutile de vous faire un dessin sur ce qu'il advint de la faune qui peuplait cet écosystème.
Ce qui est donc raconté dans cet album, c'est non cette cruelle désillusion, mais la découverte de la station que
Christophe Abegg a réussi a créer à un autre emplacement dans l'archipel, mais dont la survie est toujours précaire car les sociétés forestières multinationales ont des arguments qu'aucun primatologue au monde ne pourra jamais avoir et qui se comptent en dollars...
C'est donc une magnifique description, très fidèle de ce qu'elle, l'auteure, a vu lorsqu'elle s'est rendu dans la station fondée par son fils.
Clara est ici la petite soeur de Chris. Son grand frère lui fait découvrir tous les secrets de cette belle forêt indonésienne, de la faune à la flore en passant, bien entendu par les coutumes des populations locales, les fameux hommes-fleurs.
C'est un véritable appel à la conservation, à la préservation de ces espèces et de ces habitats très menacés.
À titre d'information, la forêt équatoriale primaire couvrait 80 % de la superficie de Sumatra en 1980. Désormais, la forêt primaire se limite pour ainsi dire aux limites dérisoires des parcs nationaux et cela pourquoi ? Pour que vous puissiez jouir chaque jour de votre content d'huile de palme, cette huile bas de gamme et de mauvaise qualité nutritive mais qui fait le bonheur de l'industrie agro-alimentaire et qui se cache derrière l'appellation trouble " huile végétale " des produits qui peuplent nos rayons de supermarchés...
Bref, bonne lecture de cet album salutaire sur une question cruellement d'actualité. Mais ce n'est bien sûr que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.