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Critique de BazaR


J'ai eu envie de lire cette biographie de Giuseppe Verdi après avoir assisté à son opéra Rigoletto, en mars. J'ai vraiment bien fait ; elle est excellente.
Il faut déjà dire que son auteur est le remarquable Alain Duault dont j'ai déjà lu l'aussi excellente biographie des Strauss. Vous le connaissez peut-être si vous allez dans les cinémas UGC : c'est l'homme qui présente Viva l'Opéra ! les oeuvres lyriques et ballets sur grand écran. Un grand professionnel de la musique classique et aussi une belle plume.

La vie de Verdi est profondément liée à celle de l'Italie de son époque. Il fait partie du trio qui symbolise l'unification du pays, avec évidemment Garibaldi et – un homme que je ne connaissais pas – l'écrivain Alessandro Manzoni. Verdi a en effet écrit plusieurs opéras qui faisaient écho au joug autrichien subi par le peuple italien. Qui ne se souvient du fabuleux choeur des esclaves Hébreux à Babylone « Va pensiero » dans Nabucco ? Il y a une scène fameuse dans « Sissi face à son destin », où le peuple italien entonne le chant en présence de François-Joseph et Sissi à la Scala. Verdi suivra toute sa vie la politique italienne, ses succès et ses revers, mais sans trop participer en dehors de son rôle symbolique. Il fut quand même élu au premier Parlement italien mais y resta peu de temps, pas sa tasse de thé.

Alain Duault nous montre bien quel bourreau de travail était Verdi. le texte enchaine la création des opéras à la vitesse où le compositeur les écrivait. On observe les affres de la création, les réactions de Verdi à l'accueil des ses oeuvres. Parfois il fait des fours, souvent c'est l'explosion d'enthousiasme. C'est dingue ce que l'opéra était populaire en Europe au 19ème siècle ! Au niveau de la fièvre moderne du football. le compositeur a parfois eu du mal à passer le barrage de la censure. C'est le cas pour Rigoletto par exemple, qu'il lui a fallu éloigner de l'oeuvre de Victor Hugo dont il s'inspire (Le Roi s'amuse). Verdi n'était pas un gars patient et sa colère était vive.
En vieillissant, Verdi ralentit sa production et innove, parfois à la surprise du public. Mais ses dernières oeuvres se font rares car il faut que ses amis parviennent à convaincre le maestro. Ce sont cependant des succès phénoménaux : Aïda, Othello, Falstaff (les deux derniers inspirés de Shakespeare qu'il adorait). Verdi a créé Falstaff à 80 ans. L'histoire de la création de Aïda est fantastique, ne serait-ce que pour les décors créés à Paris et bloqués pendant le siège allemand de la guerre de 1870.
Parmi ses oeuvres finales, je ne peux oublier son Requiem.

Comme on a affaire à un Découvertes Gallimard, les illustrations sont nombreuses. Verdi a fait l'objet de nombreuses peintures, gravures, caricatures et, sur la fin de sa vie, aquarelles et photographies. Par exemple https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1e/Verdi-Delfico-1860.jpg
On trouve aussi des illustrations liées à l'Histoire de l'Italie et aux opéras eux-mêmes. Par exemple la maquette fantastique des décors de Aïda : https://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1006520-Philippe_Chaperon_maquette_de_d%c3%a9cor_pour_A%c3%afda.jpg

Je finirai en ajoutant que le lecteur qui connait la musique profitera plus que moi des détails musicologiques dithyrambiques qui émaillent la description des opéras. Personnellement j'ai toujours du mal à visualiser des phrases comme « si la recherche d'une couleur instrumentale et l'enrichissement harmonique s'affirment, ce n'est jamais en renonçant à la séduction mélodique ». Mais là je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
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