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Critique de JIEMDE


« En me lançant dans cet étrange voyage, avec l'impulsivité et la naïveté d'une mouche, j'avais confusément réalisé le rêve de tout homme : traverser la forêt de ses peurs pour accéder à ses émotions secrètes, ces infimes parcelles de bonheur qui sont en nous, tapies dans un endroit que nous ignorons, et que, souvent, nous recherchons pendant toute une vie ».

Ces lignes qui terminent Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul Dubois (sorti en 1999 et joliment réédité dans la Bibliothèque de l'Olivier pour les 30 ans de la maison) fonctionnent tout aussi bien en exergue de chronique, tellement ces mots résument bien la quête de Paul Peremülter, écrivain, la cinquantaine, au creux de tout, au fond de sa vie.

Le succès de treize livres publiés n'a pas empêché sa femme de le quitter, le plongeant dans une solitude semi-dépressive et dans une remise en cause profonde. Si ses gonades asséchées ne lui ont pas permis de procréer, ses questionnements sans réponse sur son propre père à la vie rangée mais à la fin mystérieuse le taraudent et le poussent à partir sur ses traces au Québec…

À l'image d'un Fromm, d'un Tesson voire d'un Vann, Peremülter va aller se ressourcer en se posant dans une maison isolée au bord d'un lac et de la forêt des Bois Sales. Et en cherchant à percer les énigmes de son père, il va trouver son propre chemin de vie.

Si ce livre… fonctionne immédiatement grâce à l'empathie générée par Peremülter, anti-héros banal aux faiblesses et petites lâchetés du quotidien qui pourraient facilement être les nôtres. Dubois s'y livre en partie, comme souvent. Notamment lorsqu'il évoque les livres et l'écriture.

Pour y asséner quelques vérités discutables : « Un livre n'a jamais rendu meilleur. Ni celui qui l'écrit, ni celui qui le lit. » Ou prendre du recul sur les limites de son oeuvre : « Les livres ne sont qu'un tout petit miroir du monde où se mirent les hommes et l'état de leur âme, mais qui jamais n'englobe la stature des arbres, l'infini des marais, l'immensité des mers. »

Vingt ans avant que la gloire ne lui tombe dessus, Dubois écrit avec Si ce livre… un roman émouvant, rédempteur et réfléchi. Mais surtout rempli d'espoir pour tous ceux qui, à un moment ou à un autre, voient leur vie basculer. Morale à l'appui :

« Comme les alliages de métaux qui reprennent leur forme après un choc, la vie possède elle aussi cette mémoire de carrossage qui lui permet, en peu de temps, de débosseler les impacts les plus violents, d'éliminer les traces du chaos pour imposer son ordre immémorial, ses normes et le lissé de ses formes. C'est pour cela que nous survivons à la disparition de ceux que nous aimons. Parce que l'existence est un tôlier d'exception… ».
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