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Citations sur Le dimanche de Bouvines - 27 juillet 1214 (13)

Les événements sont comme l'écume de l'histoire, des bulles, grosses ou menues, qui crèvent en surface, et dont l'éclatement suscite des remous qui plus ou moins loin se propagent. Celui-ci a laissé des traces très durables : elles ne sont pas aujourd'hui tout à fait effacées. Ces traces seules lui confèrent existence. En dehors d'elles, l'événement n'est rien. Donc c'est d'elles, essentiellement, que ce livre entend parler.
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incipit :
L'année 1214, le 27 juillet tombait un dimanche. Le dimanche est le jour du Seigneur. On le lui doit tout entier. J'ai connu des paysans qui tremblaient encore un peu lorsque le mauvais temps les forçait à moissonner un dimanche : ils sentaient sur eux la cooère du ciel. Les paroissiens du XIII° siècle la sentaient beaucoup plus menaçante. Et le prêtre de leur église ne prohibait pas seulement, ce jour-là, le travail manuel. Il essayait de les convaincre de purifier tout à fait le temps dominical, de le garder des trois souillures, celles de l'argent, du sexe et du sang répandu. C'est pourquoi, en ce temps, nul ne maniait volontiers les deniers le dimanche. C'est pourquoi les maris, le dimanche, évitaient, s'ils étaient pieux, d'approcher de trop près leur femme, et les hommes d'armes, s'ils étaient pieux, de tirer l'épée. Or, le dimanche 27 juillet 1214, des milliers de guerriers transgressèrent l'interdit.
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Rarissimes sont les vestiges d'équipement militaire qui datent de ce temps. Car depuis très longtemps les morts n'emportaient plus avec eux leur harnois dans la tombe, ce lieu privilégié des trouvailles archéologiques. Et l'on ne conservait guère au rancart, dans la demeure des seigneurs, les armes vieillies. Elles servaient aussitôt à en forger de neuves, tant le fer, à l'époque, demeurait rare.
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L'année 1214, le 27 Juillet tombait un dimanche. Le dimanche est le jour du Seigneur. On le lui doit tout entier. J'ai connu des paysans qui tremblaient encore un peu lorsque le mauvais temps les forçait à moissonner un dimanche ; ils sentaient sur eux la colère du ciel. Les paroissiens du XIIIème siècle la sentaient beaucoup plus menaçante. Et le prêtre de leur église ne prohibait pas seulement, ce jour-là, le travail manuel. Il essayait de les convaincre de purifier tout à fait le temps dominical, de le garder des trois souillures, celles de l'argent, du sexe et du sang répandu. C'est pourquoi, en ce temps, nul ne maniait volontiers les deniers le dimanche. C'est pourquoi les maris évitaient, s'ils étaient pieux, d'approcher de trop près leur femme, et les hommes d'armes, s'ils étaient pieux, de tirer l'épée. Or, le dimanche 27 juillet 1214, des milliers de guerriers transgressèrent l'interdit. Ils se battirent, et furieusement, près du pont de Bouvines, en Flandre. Des rois les conduisaient, celui d'Allemagne et celui de France. Chargés par Dieu de maintenir l'ordre du monde, sacrés par les évêques, à demi prêtres eux-mêmes, ils auraient dû mieux que personne respecter les prescriptions de l'Eglise. Ils osèrent pourtant s'affronter ce jour-là, appeler aux armes leurs compagnons, engager un combat.
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Un conglomérat de noyaux durs que soude les uns aux autres l'amitié de leurs chefs , des hommes du même âge et souvent du même sang : telle est l'ost du roi de France . Les guerriers qui la forment viennent , pour leur plus grande part , des contrées voisines du lieu de bataille , l'Artois , la Picardie , le Soissonnais , le Laonnais , la Thiérache .
De l'Ile-de-France et du Vexin , aucune commune, car il ne fallait pas laisser Paris sans défense , et peu de chevaliers : beaucoup d'entre eux guerroient à ce moment dans le Midi , derrière Simon de Montfort en zone albigeoise , derrière le prince Louis aux lisières de l'Anjou . La chevalerie de Bourgogne est ici , suivant son duc . Celle de Champagne est également présente ; mais son comte ne la conduit pas lui-même : c'est alors un enfant de douze ans .
Les Normands sont peu nombreux , parce que le duché , annexé depuis peu au domaine royal , est encore mal sûr et que ses hommes de guerre pourraient bien tourner bride . Pas un chevalier , pas un sergent , pas un piéton qui soit du Sud de la Loire : ce pays est un autre monde . L'armée royale , à Bouvines , est d'abord celle de la vieille Francia : de fait , c'est l'armée franque .
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« Cette fête est celle de l’ordre royal, que la victoire est venue justifier. Bouvines a tout légitimé, l’opulence et la paresse d’une Église ventrue, l’oppression seigneuriale au profit des traîneurs d’épée. Mais surtout l’action politique de Philippe. […] Qui pourrait maintenant contredire ses prétentions à la pleine souveraineté ? C’est bien lui l’héritier de Charlemagne, le guide de tous les chrétiens. »
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Philippe (ndr : Philippe Auguste fils de Louis VII) est entré dans sa cinquantième année. Ce qui veut dire que, pour le temps, il entre franchement dans la vieillesse.
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Bouvines est un lieu d'observation éminemment favorable pour qui essaie d'ébaucher une sociologie de la guerre au seuil du XIIIème siècle dans le Nord-Ouest de l'Europe.
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Dieu. Celui des holocaustes et des défilés militaires. Le dieu de l'ordre rétabli. Ce grand cheval blême qui planait sur le champ des morts, un soir, à Brunete, avait autrefois plané sur Bouvines. Il plane aussi sur Guernica, sur Auschwitz, sur Hiroshima, sur Hanoï et sur tous les hôpitaux après toutes les émeutes. Ce dieu-là non plus n'est pas près de mourir. Il reconnaît toujours les siens.
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« Les ennemis du roi avaient déjà partagé et divisé entre eux tout le royaume de France, comme tout sûr de la victoire, et en avait l’empereur Oton donné en promesse à chacun sa part : le comte Renaud de Boulogne devait avoir Péronne et tout le Vermandois ; Ferrand, Paris ; et les autres, autres cités et autres pays. Pour le comte Renaud et le comte Ferrand, il ne faillit pas à cette promesse car Ferrand eu Paris et le comte Renaud, Péronne, non pas à leur honneur et à leur gloire, mais à leur honte et à leur confusion. » Guillaume Le Breton

520 - [Folio Histoire n° 1, p. 92]
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