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Critique de SBys


Quelques amies proches m'avaient conseillé de lire Ducharme, je ne me rappelle plus lequel, mais avec Ducharme, on a l'embarras du choix, j'ai donc lu l'avalée des avalés, mais Ducharme c'est aussi le nez qui voque, L'hiver de force, L'océantume, à chaque fois des torsions de la langue. Je ne sais pas pourquoi, je croyais que Ducharme était un amuseur qui faisait des jeux de mots. Les jeux de mots, ce n'est pas tout à fait la même chose. Les jeux de mots, c'est léger, désinvolte; les torsions, c'est un travail pénible, sérieux. Après avoir lu les premières pages, je me suis aperçu que sérieux, voulait aussi dire, se prendre au sérieux. Ce n'est pas toujours évident de se mettre dans la tête d'une enfant, surtout l'une qui porte en elle un univers des plus particuliers. C'est risqué, casse-cou, ça peut paraitre surfait, comme un enfant qui fait du théâtre.

L'univers de Bérénice, qui n'existe que dans sa tête, c'est ce qu'elle nous répète sans cesse, nous plonge dans le tiraillement incessant d'une jeune fille qui devient peu à peu adolescente. Bérénice est sur la brèche, en équilibre, telle une somnambule qui devient funambule. La ligne est mince, mais Ducharme s'y tien. On y croit, même dans l'excès. Bérénice est une enfant révoltée, un peu comme Bandini de Fante, cherchant la confrontation avec tout le monde. À cela, s'ajoute qu'elle est sadique. Elle aime faire mal. C'est presque existentiel pour elle. La douleur comme preuve qu'on existe. Elle prône une révolte égalitaire, contre tous : la famille, les amis, la religion, la guerre, les animaux... et surtout, contre elle-même. Personne n'est épargnée. Elle déborde de fureur. Elle se fait un plaisir à en distribuer, de la fureur, à tous ceux et celles qui croisent sa route. Et principalement à ceux qui s'entêtent à chercher à la ramener dans le droit chemin. Droit chemin pour qui ? qu'elle nous dirait.

Le tour de force de Ducharme est qu'on s'aperçoit que cette colère, violence, ce fanatisme cache en réalité une douceur mal contenue. Toute cette frivolité, cet acharnement, cette violence ne sont là que pour masquer sa fragilité, sa candeur. C'est d'ailleurs grâce à ce procédé que Bérénice nous est si attachante, si émouvante. Comme Ducharme le fait dire à Bérénice : « Je ne joue pas sur les mots, même si je me donne l'air de le faire. J'ai besoin de tendresse. » Bérénice tord les mots jusqu'à leur faire mal, tout ça, pour s'empêcher de pleurer.
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