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Critique de BazaR


Après avoir découvert Dumas à travers son magnifique « la Reine Margot », me voilà embarqué dans la visite de son oeuvre théâtrale, dans le même cadre historique.
Du coup on rajeunit d'une quinzaine d'années, car au moment où Dumas remporte un franc succès avec « Henri III et sa Cour », son activité de romancier appartient encore au monde des Idées accessibles seulement à de petits malins comme Nostradamus ou le Ruggieri de la pièce.

Qu'est-ce que ça raconte ? Eh bien plusieurs choses qui mêlent quête du pouvoir et passion amoureuse parfaitement romantique ; une façon de dire que ça part dans trop de directions différentes pour une oeuvre aussi courte. C'est finalement le contexte le plus important : été 1578, Henri III règne… enfin, il est roi. En fait tout un tas d'individus lui attachent des fils aux bras et jambes afin de tenter de le diriger. Sa mère, Catherine de Médicis, qui veut garder le pouvoir effectif ; les mignons qui, s'ils ne cherchent pas à le dominer, sont susceptibles de l'influencer ; et l'odieux duc de Guise qui souhaite simplement usurper le trône. L'occasion lui est donnée de faire un pas vers le trône alors qu'il renforce la Ligue autour de lui et « demande » au roi d'en désigner le chef. L'amour, c'est celui du mignon Saint-Mégrin pour l'épouse du duc, Catherine de Clèves ; amour dont le duc prendra prétexte pour éliminer son rival, chaud partisan d'Henri III.

On le sait, réaliser des portraits véridiques des personnages historiques est secondaire pour Dumas. Ce qui doit primer, c'est leur force, leurs obsessions, pour qu'ils puissent exploser sur scène. Dans ce domaine, Dumas est très fort. Catherine de Médicis est déjà la manipulatrice intelligente de ses futurs romans, les mignons ont des comportements variés – amoureux passionnés comme Saint-Mégrin ou comiques comme Joyeuse –, le duc de Guise est ivre de pouvoir et d'une ignoble cruauté, surtout avec sa femme (G.R.R. Martin aurait pu s'en inspirer).
Mais c'est la complexité avec laquelle il peint Henri III qui j'ai le plus appréciée. Tout à tour, Dumas le féminise, en fait une guimauve malléable, puis un roi courageux qui brave le duc de Guise avec un sens certain du théâtre. Ce roi est très attachant.

Cependant je crois que j'aurais eu du mal à suivre l'intrigue si j'étais allé voir la pièce plutôt que la lire – elle n'est quasiment plus jouée de nos jours d'ailleurs. Dumas parle ou fait intervenir pléthore de personnages qui ont existé mais qui n'évoquent rien au commun des mortels. Il cause d'évènements que la plupart d'entre nous ont oublié ou n'ont jamais su. Dans le livre, cela nécessite des tonnes de notes de bas de page qui finissent parfois par envahir les trois-quarts de la page en question. Sur scène, tout cela me serait passé par-dessus la tête, j'en ai peur. de plus ; l'auteur a tendance à en rajouter dans l'étalage de la connaissance de l'époque, jusqu'à placer le poème de Ronsard sur « la rose » en entier. Cela fait trop de digressions. A jouer à cela, Dumas est obligé d'achever sa pièce à toute vitesse. Une fin rythmée, mais qui sent la précipitation.
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