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Critique de Fabinou7


Dumas tire son drame par les cheveux… jusqu'à la racine !

1832. Alexandre Dumas, d'abord célèbre comme dramaturge avant d'être le serial- feuilletoniste que retient la postérité, fait paraitre sa pièce La Tour de Nesle. Dumas père est lui-même un roman du XIXe siècle, entre multiples liaisons passionnées, fuites effrénées sur fond de dettes, et fulgurante ascension sociale.

Dumas, fier de ses origines africaines, répondait, plein d'esprit, à une saillie raciste :
“Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?
Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit.”

Le succès de cette oeuvre, aujourd'hui confidentielle, est difficilement imaginable, éclipsée par les Mousquetaires, la Reine Margot ou encore Monte-Cristo, elle fut pourtant la plus jouée en France de tout le XIXème siècle, avec plus de 800 représentations au Théâtre de la Porte Saint-Martin !

Le drame est inspiré d'un fait historique : la sombre affaire des brus de Philippe le Bel, notamment Marguerite de Bourgogne, condamnées pour adultère. Dumas y mêle le philosophe Buridan, déjà associé à tort par François Villon à cette affaire de moeurs, qui précipita la chute de la maison Capétienne.

Plus c'est gros plus ça passe. le mélodrame se caractérise par l'invraisemblance, la grandiloquence, l'outrage et le pathétique de l'intrigue et de l'interprétation. En outre, remarque l'académicien André Maurois, dans le mélodrame “tout est remis au hasard, les coincidences les plus invraisemblables viennent raviver l'intérêt et résoudre les problèmes chaque fois que l'intrigue semble au point mort”. Les personnages sont comme ballotés par les circonstances, et leurs plans machiavéliques sont contrecarrés par un funeste et implacable destin.

“Du moins ce fléau-là a cela de bon qu'il est tout le contraire de la peste et de la royauté : il tombe sur les gentilshommes et épargne les manants.” La Tour de Nesle rejette cadavre après cadavre dans la Seine, tous les jeunes aristocrates de passage sont en danger. Les frères d'Aulnay, orphelins, se retrouvent enfin à Paris, Gaultier est au service de la reine Marguerite de Bourgogne, et Pierre, à peine arrivé reçoit à son tour une étrange missive pour la Tour de Nesle, il s'y rend avec un autre gentilhomme de passage, un certain Buridan, invité lui aussi…

Cette pièce fluide à la lecture, on se prend totalement à l'intrigue, on savoure les dialogues, au coeur d'une Histoire de France très légendaire, aux coups de théâtre, aux rebondissements, Marguerite et Buridan, les deux ennemis de la pièce, semblent toujours avoir un coup d'avance l'un sur l'autre, un divertissement pur !

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