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Critique de Lamifranz


Avant de faire la chronique à proprement parler de ce roman, il convient de faire une mise au point. S'il est attribué à Alexandre Dumas (il a été édité sous son nom), il existe un doute sur sa paternité. Il pourrait bien avoir été écrit, en collaboration ou partiellement, ou en totalité par Paul Meurice (un ancêtre de Guillaume ?), un intime de Victor Hugo (il était son porte-parole et homme d'affaires en France quand le poète était exilé à Guernesey), ami et collègue d'Alexandre Dumas (avec qui il avait écrit entre autres « Ascanio »), ainsi que de George Sand. Une lettre de Dumas à Meurice (1865) dit en effet : « Un jour, vous m'empruntâtes mon nom pour vous rendre un service que ne pouvait vous rendre ma bourse… Vous fîtes sous mon nom « Les Deux Diane ». L'ouvrage eut du succès, autant, plus peut-être que si je l'eusse fait moi-même… » Les historiens de la littérature sont divisés. Pour Claude Schopp, grand spécialiste s'il en est d'Alexandre Dumas, il faut prendre ce billet au pied de la lettre et accorder la paternité des « Deux Diane » au seul Paul Meurice. Pour d'autres dont Gilbert Sigaux (autre spécialiste de Dumas), il faut y voir un courrier d'affaires, dans le cadre d'une cession de droits d'auteur. La question n'est pas réglée. L'étude de l'oeuvre présente des caractéristiques des deux écrivains, mais dans des proportions très variables.
Cela dit, cela n'enlève rien à la qualité du roman : l'intérêt est soutenu de bout en bout par une intrigue romanesque échevelée, des coups de théâtre, des personnages hauts en couleurs, et un fond historique, qui, s'il n'est pas toujours crédible, reste croyable – comme d'hab, quoi, avec l'ami Alex (même si ce n'est pas tout à fait lui).
L'histoire se passe juste avant la trilogie des Valois. Les deux Diane sont d'une part Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II, et d'autre part Diane de Castro, la fille qu'elle aurait eue du roi. Diane de Castro est aimée de Gabriel de Montgomery, qui a quelques raisons d'en vouloir à Henri II : Il soupçonne le roi, en effet d'être à l'origine de la disparition de son père, qu'il soupçonnait d'être l'amant de sa maîtresse Daine de Poitiers. Vous suivez le topo ? Gabriel en veut au roi et à son complice le connétable de Montmorency, et en même temps ; il se demande si son amour, Diane de Castro, n'est pas sa soeur. Grave dilemme. D'autant plus que Diane de Poitiers, qui seule connaît la vérité, ne veut rien dire. le tout sur fond de guerre conte Charles-Quint (siège de Saint-Quentin, prise de Calais, etc.) de tournois (dont celui, funeste, où Gabriel tue accidentellement Henri II), et de chevauchées diverses, entrecoupées de scènes intimes pleines d'émotion…
Du bon Dumas, pas le meilleur, sans doute, au niveau de l'écriture, mais on ne s'ennuie pas une seconde. Grâce notamment à des personnages bien dépeints : les deux Diane D abord, la mère, jalouse, méfiante et machiavélique, la fille douce et à l'opposé de sa mère, Catherine de Médicis, reine bafouée, rusée et revancharde, les Guise, fourbes et ambitieux, le roi, faible et écartelé entre ses femmes, le jeune héros loyal et intrépide... Et tous ces personnages historiques qu'on rencontre à chaque coin de couloir : Ambroise Paré, Nostradamus, Marie Stuart…Et puis deux histoires dans l'histoire : celle de Martin Guerre (qu'on a vue au cinéma avec Depardieu) et celle de cette bande de mercenaires atypiques et attachants (Yvonnet et ses copains) qu'on retrouvera avec grand plaisir dans « le Page du duc de Savoie » (1855). L'histoire de Martin Guerre, quant à elle, est racontée en détail un épisode des « Crimes célèbres » (1839-1840)
Si ce n'est pas Dumas, ça y ressemble. Pas sûr même que vous trouviez la différence. En tous cas vous ne perdrez pas votre temps, et vous trouverez même du plaisir à vous plonger dans ces aventures, convenues, certes, mais tellement délicieuses…





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