Citations sur La crise de la masculinité : Autopsie d'un mythe tenace (58)
[...] visiter les musées comme le Métropolitan à New-York, où 95% des œuvres exposées dans la section d'art moderne sont signées par des hommes, mais où 85% des illustrations des corps nus représentent des femmes.
Ne sont-elles pas en crise, ces femmes qui effectuent gratuitement toutes les tâches ménagères et parentales alors que leur conjoint sans emploi s'amuse à consommer de la pornographie et à se mesurer le pénis, quand il ne les agresse pas physiquement et sexuellement ?
Nous sommes donc en proie à une illusion : notre modèle familial contemporain sert de calque à l' "âge des des cavernes" et nous pensons maintenant que les femmes et les hommes de la préhistoire vivaient réellement comme une famille "modèle" d'aujourd'hui, le mari ramenant son salaire pour nourrir sa famille comme son lointain ancêtre ramenait le mammouth.
L'argumentaire des groupes d'hommes fonctionne donc comme un fusil à deux coups : affirmer premièrement que les femmes et les féministes mettent au sujet des violences masculines et affirmer ensuite que les hommes sont victimes de violence psychologique, physique, voire institutionnelle.
L'odieuse expression de "féminazisme" et l'amalgame entre le féminisme et le nazisme contiennent donc deux faussetés : non seulement les féministes n'ont jamais mené des actions qui ressemblent aux massacres et aux génocides perpétrés par les nazis, mais ce sont les néo-nazis qui ont adopté le discours antiféministe et misogyne de la crise de la masculinité. Plutôt que d'imaginaires féminazies, il conviendrait donc de parler de véritables mascunazis.
Malgré tous les beaux discours sur les "nouveaux pères", ce sont en général encore les mères qui consacrent le plus de leur temps et de leur énergie aux enfants.
L'homme est en crise, dit-on, quoi que fassent ou non les femmes. L'homme est en crise si elles exigent respect, sécurité, égalité et liberté. L'homme est en crise si elles touchent un salaire.
L'homme est en crise si elles sont mères et s'occupent seules des enfants. L'homme est en crise si elles sont entreprenantes sexuelle-ment. L'homme est en crise si elles ne lui sont pas disponibles,
sexuellement.
Or, le féminisme appelle justement à la crise d'une société injuste et inégalitaire, et c'est ce qui dérange tant les hommes. Même s'ils ne sont pas en crise, ils font des crises quand des femmes refusent le rôle de sexe qui leur est assigné, quand elles transgressent les normes de sexe, quand elles résistent et contestent. Les hommes font des crises, car ils ne supportent pas d'être contredits et contestés, de ne pas avoir ce à quoi ils pensent avoir droit, en particulier des femmes à leur service.
Les hommes ne sont pas en crise, mais ils font des crises, réellement, au point de tuer des femmes.
En termes de justice et d'injustice, le problème aujourd'hui n'est pas que la masculinité soit en crise, mais bien qu'elle ne le soit pas encore. Cette crise qui n'est pas encore là, les femmes l'ont trop longtemps attendue, puisque nous y avons trop longtemps résisté. Il est donc temps d'arrêter de discourir sur la crise de la masculinité, et de tout faire pour qu'elle advienne, enfin.
Les sociétés traversent une longue période de réductions des services sociaux et de l'aide aux démunis, alors que l'austérité se justifie par l'obsession de réduire la dette publique.
Les femmes sont en général moins libres que les hommes. Elles se font imposer des décisions politiques, économiques et culturelles prises par les hommes. Elles ont moins accès qu'eux à des tribunes pour s'exprimer publiquement.
Les femmes sont non seulement minoritaires au Parlement, mais elles y prennent la parole en général moins souvent et moins longtemps que leurs collègues masculins et elles ne sont pas à l'abri des violences sexuelles, y comprit de la part de députés de leur propre parti.