La crise de la masculinité : Autopsie d'un mythe tenace

Les choses commencent à changer vers le XIIe siècle, en grande partie en raison de la dérive misogyne de l'Église catholique. Vers le XIIIe siècle, de nouvelles législations et des "coutumiers" (textes qui proposent des normes de vie) encourageaient le mari à corriger son épouse et précisaient que la femme est toujours responsable de l'adultère.
[p55]

Entre la réalité objective (matérialisme) et la perception subjective (idéalisme), mieux vaut opter pour la deuxième si elle permet de fonder une thèse fallacieuse que l'on cherche à défendre et à vendre.
[p51]

on pourra prétendre qu'une ménagère domine son mari timide, même si elle prépare et lui sert ses repas, nettoie la résidence conjugale, lave ses vêtements et s'occupe de leurs enfants, et même si l'homme est le propriétaire du domicile et de la voiture du couple, qu'il touche un bon salaire et engrange des fonds pour sa pension de retraite. La domination apparaît ici comme une question de caractère et de force psychologique, et non de contrôle des ressources et de bénéfices concrets tirés du travail des autres.
[p40]

[...] Le discours de la masculinité représente un appel à "rétablir des normes et des pratiques masculines hégémoniques, stables et immuables". Plus spécifiquement, [...] il est particulièrement problématique de croire que les personnages de fiction masculins qui violent et assassinent des femmes incarneraient une crise de la masculinité.
[p37-38]

En fait, les références aux valeurs maternelles et féminines peuvent être trompeuses. Ainsi, le philosophe Michel Foucault a bien étudié ce passage d'un État dominateur à un État qui prend soin, mai il n'a pas eu besoin de faire appel à la figure de mère pour son analyse. Au contraire, Foucault a eu recours à la figure masculine du pasteur ou du berger qui prend soin de son troupeau, compte ses bêtes, contrôle leur déplacements et finalement s'assure qu'elles sont bien tondues ou abattues. Bref, les métaphores et les analogies au sujet du féminin et du maternel peuvent bien souvent être déconstruites et même renversées.
[p17]

Face au mouvement féministe qui milité pour la liberté et l’égalité des femmes et des hommes, le masculinisme est un contre-mouvement qui cherche à freiner, arrêter ou faire reculer le processus d’émancipation des femmes, au nom des « droits » et surtout des intérêts des hommes par rapport aux femmes

Ce livre présente ce discours dans l’histoire et dans l’actualité, s’intéresse à sa signification politique et sociale et à ses effets possibles sur le mouvement féministe et sur les rapports entre les hommes et les femmes

le discours de la crise de la masculinité est un outil pour mobiliser les hommes (et possiblement certaines femmes) contre la menace que représenterait le féminisme et les femmes émancipées, même si les hommes sont encore clairement dominants dans les sociétés

Il est donc possible de déclarer la fin des hommes parce qu’ils disent qu’ils se sentent assiégés par les femmes, même s’ils ne le sont pas du tout

Même si les masculinistes s’amusent à traiter les féministes de « féminazis », il n’y a jamais eu un tel génocide féministe – jamais