Les enquêtes de Maud Delage, tome 1 : Du sang sous les collines

Angoulême, septembre 1996

- Maman, regarde celle-là. C'est la plus belle. La toute rouge...
Un gamin d'une dizaine d'années venait de crier à tue-tête son admiration pour l'Alfa Romeo qui était passée au ralenti devant les barrières de sécurité.
[...]
C'est d’ailleurs la première fois depuis son arrivée en Charente que la jeune femme assistait au fameux Circuit des Remparts, une des plus importantes manifestations de la ville d'Angoulême, au même titre que le Salon de la bande dessinée.

Auparavant, Maud avait fait ses armes en Bretagne, là où elle était née, plus précisément à Port-Louis, près de Lorient.

Elle aussi aurait voulu plaisanter pour briser la tension qui les tenaillait tous, mais elle n’en avait pas le courage. Pourtant, elle aimait son métier. Cela faisait déjà sept ans qu’elle l’exerçait. Son seul défaut, c’était d’être restée un tantinet trop sensible.

Elle se tut, tandis que Xavier et Irwan rivalisaient d’œillades inquiètes et de mots câlins.
- Je vais vous avouer quelque chose de bizarre, qui m'étonne moi-même, déclara enfin leur si séduisante collège, leur prenant chacun la main.
- Tu vas quitter la police ! s'exclamèrent d'un air complice les deux hommes.
- Non, au contraire. Je doutais parfois de ma vocation, je songeais au mariage. Et bien, cette nuit tout a changé: je vais rester célibataire et me consacrer totalement à ma carrière....

Vous savez, la pudeur, c'est bon pour celles qui ont quelque chose de moche à cacher.

En vérité, la vallée des Eaux-Claires cachait bien son jeu : on croyait la
connaître, on suivait tous les dimanches le chemin principal, on grimpait les pentes caillouteuses pour jouer à l’entrée d’une grotte, mais qui prenait le temps de se glisser de taillis en taillis, de quitter les sentiers en s’enfonçant dans une végétation exubérante de clématites sauvages, de ronces et de noisetiers séculaires ? Combien pouvait-il y avoir de cachettes là-dedans, que ce fût dans les falaises ou au cœur des fourrés ?

Maud poussa un soupir de soulagement en refermant soigneusement la porte : finies les idées noires. Elle était à l'abri de tout. Son chat persan, Albert, vint se frotter à ses jambes, et elle le prit dans ses bras pour un long câlin. Ensuite, il lui suffit d'allumer le lampadaire, de se lover sur le canapé en écoutant un peu de musique pour éprouver un plaisir infini et précieux, celui de se savoir vivante. 

Tuer pour de la drogue, tuer pour se détruire en somme, c’est dommage d’en
arriver là…

On se méfie moins des jolies femmes.

Puymoyen, vallée des Eaux-Claires,
octobre 1995
Franck Drugeon n'en finissait plus de rappeler sa chienne qui n’avait pas encore appris les bonnes manières.

Le hasard fait bien les choses