Ce livre est un témoin essentiel de la conception qu'avaient les religieux du Moyen-Âge des églises et des associations d'idées symboliques qu'ils se faisaient de leurs caractéristiques artistiques, techniques et architecturales.
Un outils précieux pour qui veut étudier l'histoire de la pesée religieuse occidentale et un pendant intéressant aux études écrites par les descripteurs des traditions alchimiques ou franc-maçonnes.
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... "La Sagesse s'est bâtie une maison, et elle y a taillé et placé sept colonnes" (...) Les bases des colonnes figurent les évêques, successeurs des apôtres, qui supportent tout le poids de l'église. Le sommet des colonnes, c'est l'esprit des évêques et des docteurs. Car de même que les membres sont conduits par la tête, ainsi nos paroles sont dirigées par notre esprit et par nos oeuvres. Les chapiteaux sont les paroles de la sainte Écriture que l'Église nous fait un devoir de méditer, et auxquelles nous sommes obligés de conformer nos actions en les observant.
... C'est, pourquoi donc, moi, Guillaume Durand, nommé évêque de la sainte Église de Mende, par la seule permission de Dieu, je frapperai, et je ne cesserai de frapper à la porte, si toutefois la clé de David daigne me l'ouvrir, afin que le roi m'introduise dans le cellier où il garde son vin, et où me sera révélé le modèle divin qui fut montré à Moïse sur la montagne, jusqu'à ce que je puisse expliquer, en termes clairs et précis, ce que signifient et ce que renferment toutes les choses qui se rapportent aux offices, aux usages ou aux ornements de l'Église, et en fixer les règles ; après que cela m'aura été révélé par celui qui rend diserte la langue des enfants et dont l'esprit souffle où il veut, le distribuant à chacun comme il lui plaît pour la louange et pour la gloire de la Trinité.
Les peintures et les ornements qui sont dans les églises sont les lectures et les écritures des laïcs, ce qui fait dire à Grégoire : "Autre chose est d'adorer les peintures, autre chose est d'apprendre par l'histoire que représente cette peinture, ce qu'on doit adorer" ; car ce que l'écriture montre à ceux qui la lisent, la peinture l'enseigne aux ignorants qui la regardent, parce que, sans instruction, ils voient en elle ce qu'ils doivent suivre et le lisent dans ces peintures, eux qui ne connaissent pas leurs lettres.
Quel chemin convient-il de suivre ? Pas celui de l'Histoire. Sur ce point Guillaume Durand de Mende a un jugement radical : "Le mot histoire vient de istorein, qui veut dire exprimer des choses par des gestes, et c'est pour cela que les historiens sont appelés gesticulateurs comme les histrions."
... En utilisant une multiplicité de sources, hors de tout dogmatisme, (il) nous invite à formuler de manière ouverte et variée, sans nous en tenir à la lettre, mais en utilisant ce sens anagogique, remarquable outil d'interprétation qui élève l'âme, (...) qui "conduit des choses visibles aux invisibles... et mène aux choses d'en haut".
La cathédrale matérielle, l'édifice de pierre, est en réalité, l'image visible d'une cathédrale spirituelle dont les pierres sont les prédestinés à la vie éternelle, dont le toit est la charité, dont le pavé est l'humilité, dont les fenêtres sont les divines écritures et les cinq sens.