L'Amant de la Chine du Nord

Ultime variation de Duras sur son enfance en Indochine, l'histoire de L'amant de la Chine du Nord est racontée comme un film tiré du livre L'amant. Une écriture qui décrit essentiellement, d'un oeil extérieur, sans trop se soucier de « littérature », sans trop de « belles phrases ». le récit s'interrompt parfois pour donner des indications purement cinématographiques, comme dans un scénario, et Duras va jusqu'à intégrer dans le corps du texte des références et des commentaires sur ses anciennes oeuvres. Autre chose qu'un simple roman, L'amant de la Chine du Nord est un livre qui raconte ce que serait le film d'un livre. Et comme il sied à un film, peut-être que l'amant chinois est plus beau qu'il ne l'a été réellement, plus sûr de lui. Les sentiments y sont aussi exacerbés. Ça pleure et ça rit tout le temps et en même temps. Un mélange brutal de plaisir et de douleur, de cris et de silence, de peur et de désir : L'histoire est celle de la perte de virginité d'une jeune fille. Il y a aussi une frontière très mal définie entre la sexualité et l'amour. L'amant de la Chine du Nord est un condensé de toute l'oeuvre semi-autobiographique de Duras. du barrage contre le Pacifique au Ravissement de Lol V. Stein, on retrouve les mêmes thèmes. L'amant est déjà présent dans le barrage contre le Pacifique, où il est aussi question de l'importance de l'argent, des différences sociales et des relations familiales. Mais ici, il n'y a pas de tentative de faire réaliste, l'histoire est donnée comme ça, impudique, sur-maquillée à la manière d'une comédienne. le trio amoureux ainsi que le voyeurisme, si chers à Lol V. Stein, sont aussi évoqués dans L'amant de la Chine du Nord, mais moins embrouillés, plus crus, etc… La boucle semble bouclée. Je me demande quand même si ce n'est pas un livre en trop ; j'ai ressenti comme une pointe de lassitude dans ces scansions de phrases sans lien, sans conjonction.