En 1985,
Marguerite Duras publie chez P.O.L. un recueil de textes sous le nom de
la Douleur. le premier texte, dont le recueil porte le nom, est le plus long et aussi le plus intense. Il s'agit d'un journal écrit à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et retrouvé par
Marguerite Duras des années après. Elle y raconte l'attente du retour de son mari,
Robert Antelme, résistant déporté le 1er juin 1944 dans un camp de concentration.
Avril 1944. Certains prisonniers et déportés français reviennent à Paris.
Duras et son amant D. (Dyonis Mascolo) s'occupent de réunir leurs noms, toutes informations susceptibles d'aider à trouver les personnes non encore revenues et de prévenir les familles qui attendent le retour d'un être cher. C'est aussi le cas de
Marguerite Duras qui est sans nouvelle de son mari déporté depuis presque un an. En proie à cette terrible attente, à ce doute cruel (est-il seulement encore vivant ?), elle est totalement désemparée, ne se nourrit plus, ne dort plus, ne vit plus, malgré le soutien de D.. Elle ne cesse d'imaginer son mari mort, ou vivant ses derniers moments, quitte à s'en rendre malade.
Finalement, Jacques Morland (un des noms de guerre de
François Mitterrand) retrouve
Robert Antelme à Dachau et en informe
Duras.
Robert Antelme revient grâce à l'aide de ses amis, mais il est presque mort suite à des mois de mauvais traitements.
Duras ne le reconnaît plus. Tous s'acharnent à redonner vie à ce corps et cet esprit détruits par les camps de concentration. Ils y arriveront mais à jamais
Robert Antelme sera changé, et peut-être aussi
l'amour que
Duras lui portait...
Encore une fois j'ai apprécié la "voix" de
Marguerite Duras, son style et son écriture. le thème abordé est des plus durs, celui de l'attente d'un être aimé, du doute terrible et
Duras parvient à merveille à nous le faire partager, ressentir. Bien qu'intime, son journal apporte des éléments historiques sur la fin de la guerre : retour des déportés, Jacques Morland,
De Gaulle... et l'avis de
Duras sur ces événements. Enfin, le portrait que
Duras fait de
Robert Antelme à son retour est très dur et elle ne nous épargne aucun détail de sa dégradation physique. A lire en étant préparé !
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