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Citations sur La douleur (98)

En mourant je ne le rejoins pas, je cesse de l'attendre.
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Avec l'été, la défaite allemande est arrivée. Elle a été totale. Elle s'est étendue sur toute l'Europe. L'été est arrivé avec ses morts, ses survivants, son inconcevable douleur réverbérée des Camps de Concentration Allemands.
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Parce que d'une seconde à l'autre seconde il va peut-être mourir, mais que ce n'est pas encore fait. Ainsi seconde après seconde la vie nous quitte nous aussi, toutes les chances se perdent, et aussi bien la vie nous revient, toutes les chances se retrouvent.
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On s’occupe aussi du rapatriement des prisonniers de guerre. On a parlé de mobiliser les voitures civiles et les appartements, mais on n’a pas osé, de crainte de déplaire à ceux qui les possèdent. De Gaulle n’y tient pas. De Gaulle n’a jamais parlé de ses déportés politiques qu’en troisième lieu, après avoir parlé de son Front d’Afrique du Nord. Le trois avril De Gaulle a dit cette phrase criminelle : « Les jours des pleurs sont passés. Les jours de gloire sont revenus. » Nous ne pardonnerons jamais. Il a dit aussi : « Parmi les points de la terre que le destin a choisis pour y rendre ses arrêts, Paris fut en tout temps symbolique… Il l’était lorsque la reddition de Paris en janvier 1871 consacrait le triomphe de l’Allemagne prussienne… Il l’était lors des fameux jours de 1914… Il l’était encore en 1940. » Il ne parle pas de la Commune. Il dit que la défaite de 1870 a consacré l’existence de l’Allemagne prussienne. La Commune, pour De Gaulle, consacre cette propension vicieuse du peuple à croire à sa propre existence, à sa force propre. De Gaulle, laudateur de la droite par définition – il s’adresse à elle quand il parle, et à elle seule – voudrait saigner le peuple de sa force vive. Il le voudrait faible et croyant, il le voudrait gaulliste comme la bourgeoisie, il le voudrait bourgeois. De Gaulle ne parle pas des camps de concentration, c’est éclatant à quel point il n’en parle pas, à quel point il répugne manifestement à intégrer la douleur du peuple dans la victoire, cela de peur d’affaiblir son rôle à lui, De Gaulle, d’en diminuer la portée. C’est lui qui exige que les élections municipales se fassent maintenant. C’est un officier d’active. Autour de moi au bout de trois mois on le juge, on le rejette pour toujours. On le hait aussi, les femmes. Plus tard il dira : « La dictature de la souveraineté populaire comporte des risques que doit tempérer la responsabilité d’un seul. » Est-ce qu’il a jamais parlé du danger incalculable de la responsabilité du chef ? Le Révérend père Panice a dit à Notre-Dame, à propos du mot révolution : « Soulèvement populaire, grève générale, barricades…, etc. On ferait un très beau film. Mais y a-t-il là révolution autre que spectaculaire ? Changement vrai ? profond ? durable ? Voyez 1789, 1830, 1848. Après un temps de violences et quelques remous politiques, le peuple se lasse, il lui faut gagner sa vie et reprendre le travail. » Il faut décourager le peuple. Le RP Panice dit aussi : « Quand il s’agit de ce qui cadre, l’Église n’hésite pas, elle approuve. » De Gaulle a décrété le deuil national pour la mort de Roosevelt. Pas de deuil national pour les déportés morts. Il faut ménager l’Amérique. La France va être en deuil pour Roosevelt. Le deuil du peuple ne se porte pas.
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Berlin flambe. Elle sera brûlée jusqu'à la racine. Entre ses ruines, le sang allemand coulera. Quelquefois on croit sentir l'odeur de ce sang. Le voir. Un prêtre prisonnier a ramené au centre un orphelin allemand. Il le tenait par la main, il en était fier, il le montrait, il expliquait comment il l'avait trouvé, que ce n'était pas de sa faute, à ce pauvre enfant. Les femmes le regardaient mal. Il s'arrogeait le droit de déjà pardonner, de déjà absoudre. Il ne revenait d'aucune douleur, d'aucune attente. Il se permettait d'exercer ce droit de pardonner, d'absoudre là, tout de suite, séance tenante, sans aucunement connaître la haine dans laquelle on était, terrible et bonne, consolante, comme une foi en Dieu. Alors de quoi parlait-il ? Jamais un prêtre n'a paru aussi incongru. Les femmes détournaient leurs regards, elles crachaient sur le sourire épanoui de clémence et de clarté. Ignoraient l'enfant. Tout se divisait. Restait d'un côté le front des femmes, compact, irréductible. Et de l'autre côté cet homme seul qui avait raison dans un langage que les femmes ne comprenaient plus.
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Les Allemands faisaient peur comme les Huns, les loups, les criminels, mais surtout les psychotiques du crime. Je n'ai jamais trouvé comment le dire, comment raconter à ceux qui n'ont pas vécu cette époque-là, la sorte de peur que c'était.
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En mourant je ne le rejoins pas, je cesse de l'attendre.
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Une des plus grandes nations civilisées du monde, la capitale de la musique de tous les temps vient d'assassiner onze millions d'êtres humains à la façon méthodique, parfaite, d'une industrie d'état.
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d’abord distraitement puis de plus en plus fort. Le chat se couche sur le dos, il ronronne du désir fou d’Aurélia. Aurélia se couche contre le chat. Elle dit : " Ma mère, elle s’appelait Steiner."
« Aurélia met sa tête contre le ventre du chat. Le ventre est chaud, il contient le ronronnement du chat, vaste, un continent enfoui.
Steiner Aurélia. Comme moi.
Je m’appelle Aurélia Steiner.
J’habite Paris où mes parents sont professeurs.
J’ai dix-huit ans.
J’écris. »
«C’est inventé. C’est de l’amour fou pour la petite fille juive abandonnée.
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L’appartement est grand, presque vide, presque tout a été vendu. La dame se tient dans l’entrée, assise sur une chaise, à côté d’elle il y a un revolver. La petite fille l’a toujours connue là à attendre la police allemande. Nuit et jour, la petite fille ne sait pas depuis combien d’année la dame attend. Ce que sait la petite fille c’est que dès qu’elle entendra le mot polizeï derrière la porte la dame ouvrira et tuera tout, d’abord eux et puis ensuite, elles deux.
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