AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de vincentf


Comment expliquer la tension profonde ressentie à la lecture de ce petit livre où il ne se passe presque rien ? Une mécanique absurde semble être mise en marche. Un homme tue une femme dans un bistrot. Un autre homme et une autre femme prennent leur place. Tout le roman tend vers cette mort absurde qui finalement n'a pas lieu (pas encore ? peu importe).

La mort dans ce texte est autre chose que le sang versé. C'est la mort sociale, l'adultère esquissé dans la "pose mortuaire" des mains qui se touchent et des lèvres qui s'atteignent. La tension vers la mort qui traversait le livre, la volonté d'Anne Desbaresdes de comprendre cette femme qui a accepté d'être assassinée, le rapprochement incompréhensible de deux êtres égarés, dépressifs sans doute, le devenant, sombrant dans l'alcoolisme, aboutit à l'amour, esquissé, mortel. L'enfant qui occupait toute la place disparaît, meurt textuellement.

Il y a dans la lecture de Moderato cantabile quelque chose de décevant et c'est ce quelque chose de décevant qui rend le roman passionnant. Un homme et une femme vivent devant nos yeux leur histoire, absurde peut-être, tragique sans doute, mais nous ne comprenons rien à cette histoire. Qui est le narrateur de ce roman ? L'enfant ? La patronne du café, seul témoin des rencontres, regard indifférent sur le drame qui peut-être a lieu ?

Moderato cantabile est sans doute un roman sur l'impossibilité radicale de saisir ce qui se passe au coeur de l'esprit humain, sur l'absence totale et définitive d'explication rationnelle aux actes que nous accomplissons. Anne et Chauvin ne parviennent pas tout à fait à comprendre les raisons de l'assassinat du début du roman comme nous ne parvenons pas tout à fait à comprendre les raisons de leurs rencontres quotidiennes, de leur amour mortel qui n'aboutit pas à l'assassinat. Aucun mystère. Rien que les faits, nets, précis, absurdes et mécaniques, présents, et ce sentiment oppressant que nous ne pouvons qu'échapper à nous-même.
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}