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Critique de Bonneau


Je viens de lire le dernier roman de Marc-Durin Valois, Les Pensées sauvages, et j'ai été sensible au récit intérieur du jeune Antonin, qui cherche à fuir l'inanité de son existence de lycéen en prépa parisienne dans cette vieille maison ariégeoise, au coeur de l'été brûlant, tout comme Rimbaud est venu hurler son mal de vivre dans la maison de Roche, quand il écrit Une Saison en Enfer, en 1871. Trop brillant, trop lucide, trop jeune, la question du sens de sa vie hante Antonin, son rapport avec les autres est biaisé par sa difficulté à vivre. Seul, incroyablement seul, le microcosme rural dans lequel il se retrouve est menaçant, inquiétant, les femmes ne sont là que pour lui donner l'illusion, sans cesse déçue, d'une communion possible des âmes et des corps, l'amitié envisagée est piégée par des discours où la passion domine et fausse la communication. Toute sensation physique est extrême, exacerbée et pervertie par son mal-être Mais il fait son chemin, Antonin, il vit à fond son odyssée intérieure, va jusqu'au bout de son malaise, comme il va jusqu'au bout de la sonate de Litz qu'il joue sur le vieux piano de la maison, et finit, comme Rimbaud, par être « rendu au sol » et revenir au monde réel, différent, définitivement. Une expérience narcissique obligatoire pour renaître à la vie, laisser les pensées sauvages s'exprimer pour grandir et mûrir, la crise exacerbée de l'éternel adolescent qui revient aux sources pour y découvrir une vérité, voyage auquel chacun de nous aspire à un moment de sa vie, voilà ce que ce roman raconte, dans un style à la fois naturel et patient, qui rend compte avec justesse des replis internes de la pensée … sauvage, d'un être dans la tourmente.
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