Un livre indispensable, incontournable pour comprendre le Zen Sôtô
Claude Durix est un auteur que j'apprécie particulièrement. Quelle personnalité fut-il ! Sa biographie est succulente. Dommage qu'il ait quitté son corps il y a si longtemps ! J'aurai aimé le rencontrer.
Pourtant, sur lui règne, en France, un silence absolu : il est tabou de parler de lui – je vous en parle, donc ! Car il y a une histoire disant que
Taisen Deshimaru, qui signa la préface, fut en désaccord profond avec
Claude Durix quand son livre paru : je crois que cette préface signée de « Senseï » est dans la première édition, expurgée dans celle de 1991 « revue et corrigé » – d'ailleurs, dans « l'avant-propos à la deuxième édition »,
Claude Durix évoque tout cela à mots couverts – tous les déboires qu'il vécut au contact de la sangha française…
En outre,
Claude Durix a écrit pléthore d'ouvrages sur le Zen. Il a été au Japon dès 1956 pour étudier le zen – il avait donc de l'avance sur les Français et
Taisen Deshimaru… Il était multiple champion en arts martiaux, et un chirurgien oculaire renommé… Comment se fait-il qu'il soit tombé aux oubliettes ?
Bref, parmi ses nombreux livres, il y a celui-ci : «
Cent clés pour comprendre le Zen » – franchement indispensable. Je crois que je n'ai pas d'autres ouvrages de ce genre dans ma bibliothèque.
D'abord paru en 1976, réédité en 1991, on peut le trouver pour quelques euros aujourd'hui. C'est un de mes livres favoris sur le Zen. Vivement une réédition ! Si vous le trouvez, n'hésitez pas car c'est vraiment l'un de mes meilleurs livres sur cette tradition bouddhiste.
Comme l'auteur l'annonce, il ne se repose dans ce livre que sur son expérience personnelle – forgée au Japon pendant des années, puis dans on propre dojo marocain.Il y a également dans ce livre nombre de termes, de notions expliquées – des concepts qu'il a « mâché et remâché », vernis d'un savoir solide. N'oublions pas que c'était une tête bien faite en plus d'être bien pleine.
Et le style employé, assez truculent, mais tout aussi sérieux de
Claude Durix – reflet de sa personnalité si forte ! – insuffle une puissance à la lecture comme j'ai rarement lu – on ne sort pas « indemne » d'un tel ouvrage ! On sent la sagesse de cet homme. On sent sa pratique très solide. Sa corporéité.
Claude Durix conte son entrée dans le bouddhisme et le zen en se rendant en 1956 au temple de Manpuku-ji à Obaku-San (Tokyo), alors que, pratiquant d'arts martiaux, il ne s'intéresse qu'au Japon :
« – Ma méditation, dis-je au Maître, a porté sur le problème des jambes : je n'ai pensé qu'à mes jambes.
– C'est parfait, me dit-il. Continuez zazen. Quand vos jambes vous laisseront tranquille, vous aurez l'esprit et le corps disponibles pour les choses importantes« .
A la suite de sa rencontre avec Sengoku Roshi, ils feront le tout premier reportage télévisé, en 1959, sur un monastère zen japonais.
Ainsi, non seulement dans ce livre nous apprenons ce qu'est le zen, mais
Claude Durix nous en parle depuis son expérience personnelle – c'est vraiment important à comprendre, car nous avons certes-là une explication tout à fait valable, mais l'auteur assume sa vision personnelle.
Donc nous aurons ici 100 aspects du Zen explicités : et dans ce dictionnaire,
Claude Durix commence par Zen pour finir par Abandon ! L'auteur dit que le zen n'est que contradictions, donc autant ne pas être conformiste (il ne l'était assurément pas !).
C'est donc un gros bouquin que vous lirez ici et il est vraiment bien fait – il est par ailleurs l'oeuvre d'un esprit totalement libre et indépendant, ce qui a son importance. Je vous partage une clé – mais les 100 portes sans portes de cet ouvrage valent toutes les détour :
– 55 – Liberté : « Avoir peu de désirs, être satisfait de son sort, savoir rechercher la solitude, savoir se concentrer sur une chose et se dévouer pour les autres, avoir une volonté forte sans illusion, apaiser son esprit par la pratique de zazen, rechercher la sagesse et non le savoir, éviter les discussions inutiles et savoir garder le silence, telles sont les huit directives de Dôgen pour atteindre la liberté totale de l'éveil. C'est la seule vraie liberté. Que voulez-vous dire de plus ?«
J'ajouterais : procurez-vous ce livre oublié ! Vous en retirerez une grande joie, et vos idées seront plus claires ! Merci Claude !
Bonne lecture !
Zui Ho.
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