Une petite escale à Chypre dans le cadre du défi solidaire. Je suis un peu déçue, je pensais que ce récit allait m'éclairer sur la situation à Chypre avant que les choses ne tournent au vinaigre. Effectivement,
Lawrence Durrell s'est installé sur l'île précisément à cette période. Gentleman voyageur, il décrit longuement les magnifiques paysages et on voit qu'il aime parcourir l'île. Mais il débarque sur l'île en conquérant sûr de son fait ; sa démarche est purement égoïste et les Chypriotes l'intéressent surtout en fonction de leur utilité potentielle. Il adopte trop souvent un ton condescendant ou caricatural. Il les aime bien hein, mais on comprend que c'est une bande de ploucs incultes. On passe le début du récit à l'écouter parler de l'achat de sa maison, des travaux de sa maison, des amis qu'il reçoit chez lui (tout la bonne société anglaise y défile, ça picole dur, même au volant). J'imagine qu'en son temps, ça a dû plaire aux copains du gentlemen's club, mais personnellement je préfère les voyageurs plus généreux. Il égratigne légèrement ses compatriotes qui sont mous à réagir quand le mouvement en faveur de l'Enosis prend de l'ampleur. Et bien sûr, à aucun moment il ne lui vient à l'idée de remettre en question le fait que Chypre soit anglaise. Bref, si au début du livre je n'avais pas d'opinion particulière, vers la fin il me tardait que les Chypriotes bottent les fesses des Anglais. C'est dommage, parce qu'il avait aussi des choses intéressantes à dire et il écrit bien.