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Critique de Laurence64


Driiing (sonnerie de téléphone préhistorique).
- Allo? (simple interjection conventionnelle et interrogative n'ayant rien à voir avec une certaine idiote actuelle de la non moins stupide téléréalité).
- Laurence64? (Damned, je suis démasquée!)
- Euh… (hésitation totalement justifiée face à cette attaque inopinée de mon identité)
- Madame Laurence64? (un brin de politesse m'a toujours détendue. Je réponds donc aussi stupidement que naïvement)
- Oui, elle-même (ça y est, je suis fichue. Mais j'adore parler de moi à la troisième personne. C'est gratifiant)
- Ici votre Caisse Primaire d'Assurance Maladie.
- … … …
- Nous vous avons choisie pour tester un nouveau type de prescription visant à remplacer les anxiolytiques. Vous allez recevoir prochainement un roman de Gérald Durrell "Mon amie Rosy".

A peine ai-je ouvert le livre, que je découvre comment Adrian, la vingtaine sage et sérieuse, va, grâce à un lointain oncle banni depuis longtemps pour excentricités, se frotter à l'Aventure.
La livraison d'une éléphante aussi charmante qu'ivrognesse, au gosier plus pentu qu'un Exley et un Bukowski réunis, le chasse de son existence mesurée. le tonton l'a doté de cinq cents livres pour veiller sur le bestiau affectueux.
J'écluse quelques litres de bière pour ne pas décrocher de l'histoire et rester dans l'esprit.

Driiiiiiing driiiiiiiing driiiiing.
Je ne réponds pas. Je bois et je lis tandis qu'Adrian se met en route à la recherche d'un cirque qui accueillera la pachydermique soiffarde.
La messagerie, elle, travaille: "Laurence64, ici la CPAM. Nous avons commis une horrible méprise! Abandonnez immédiatement votre traitement qui ne pourrait que vous conduire en cure de désintoxication. Je répète! Abandonnez votre traitement sur le champ!"

Justement, j'arpente avec Adrian et Rosy les champs verdoyants où les carottes sont déjà cuites.
Après avoir pêché par excès d'enthousiasme à la vue d'une chasse à courre, qui n'a pu être évitée, Rosy (tout en se faisant péter la panse de fruits frais) liquide une dernière bouteille de rhum chez un autre noble local (rencontré par hasard) ravi d'agrémenter la soirée anniversaire de sa fille avec l'éléphantesque et irrésistible bestiole.
Quelques litres d'alcools divers en flacon ou en flaques plus loin, l'enthousiasme explosif, face aux cris d'orfraie de la digne compagnie au banquet saccagé, Rosy rote, Adrian panique et le duo s'enfuit.
En direction de la côte. Logique. Les cirques distraient les touristes.

La côte est éloignée, l'éléphante volumineuse et la lande assez plate. de plus, l'éléphant ne fait pas partie de l'écosystème anglais alors que l'ale et le whisky s'y intègrent parfaitement. L'éléphante est parfois malencontreusement débusquée. Ou choyée. C'est selon. L'Anglais surprend parfois.

Quelques cognacs plus tard, un message d'alerte tombe parmi mes mails. Sur l'écran, je vois double et trouble.
Je méprise donc et demeure avec ma copine Rosy qui me fait barrir de plaisir. Au grand dam des voisins.
Au fil des pérégrinations, c'est un véritable zoo humain, extravagant et attachant, qu'aimante l'éléphante à sa jolie peau grise (hips).
Cette humanité-là, prompte à craquer pour une trompe délicieuse, est plus exotique qu'un pingouin en plein désert, moins sobre qu'un chameau mais avec un coeur qui pompe royalement la joie et le partage.

Driiiiiiing… Il n'y a plus d'abonné etc.
L'abonnée est vautrée et n'est plus délogeable. Et connaît un moment d'intense sobriété devant l'imminence du péril menaçant Adrian et Rosy. Certains mauvais coucheurs réclament le gibet.
Le procès est un moment de bravoure, un monument d'humour absurde que rien ne me fera interrompre. D'ailleurs, je ne suis pas là. Je suis en pleine audience, frôlant l'apoplexie. Promis, monsieur le juge, je rirai moins fort. J'attends le verdict.
Toute pinte était inutile.

Et lorsque la happy end arrive dans une joyeuse foire amicale unissant l'excentrique, l'original, la farfelue, le réincarné, enfin tous ceux que Rosy a séduits, lorsque la happy end arrive, dis-je, qu'Adrian adopte définitivement Rosy (pourquoi la confier à un cirque? La vie en sa compagnie est un cirque)… Lorsque la happy end arrive DONC (mais vous ne saurez rien) , un tonnelet de cherry brandy disparaît. Et je n'y suis pour rien.
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