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Critique de LaRousseBouquine


Ce livre m'a transportée des heures durant en Corée du Sud, avec une habitante de Sokcho désabusée, travaillant dans un hôtel défraîchi.

Le roman s'ouvre sur sa rencontre avec un Français, un dessinateur de bandes dessinées venu se reposer loin de l'agitation des villes et bien décidé à trouver l'inspiration pour son prochain opus. Ces deux âmes en peine n'auront de cesse de se croiser, de s'effleurer, sans jamais vraiment réussir à communiquer. Leur approche est touchante, ils s'observent plus qu'ils ne se parlent. Ils apprennent à se connaître par procuration, dans un paysage à la fois saturé d'odeurs et presque lunaire en plein coeur de l'hiver.

Ce livre m'a fortement rappelé l'oeuvre de Marguerite Duras, et je pense qu'il est en effet facile de faire ce parallèle ; une histoire (d'amour ?) presque avortée, le mélange des cultures entre France et Asie, des personnages complexes mais bien peu prolixes, et surtout beaucoup de poésie. J'ai retrouvé beaucoup de L'Amant ou de Hiroshima Mon Amour dans ce texte, et cela n'était pas pour me déplaire.

Ce roman est court, mais il n'empêche que j'ai voulu le finir quasiment d'une traite. Sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai été obnubilée par ces personnages et par leur sensibilité. Elisa Shua Dusapin maîtrise sans aucun doute l'art du détail. Elle m'a transportée quelques heures le long du port de Sokcho, je sentais presque l'odeur fétide du poisson que l'on vide à mains nues, et j'entendais distinctement la plume qui glisse sur le papier. Autour de ce duo d'étrangers assez mal à l'aise, les autres personnages m'ont semblé être comme des monstres, ils faisaient presque peur avec ces descriptions physiques à n'en plus finir. L'auteur met ainsi habilement l'accent sur l'intérêt coréen pour la chirurgie esthétique – attrait qui rend fortement mal à l'aise.

C'était une lecture puissante, bien écrite, qui m'a prise de court. Un voyage inattendu vers un port gelé, où les corps et les âmes transis ne savent comment se réchauffer. Un moment de poésie douce sous couvert de mélancolie, l'histoire d'une rencontre bien peu ordinaire.

Voilà typiquement le genre de lecture qui me rappelle pourquoi j'aime tant la rentrée littéraire après un été fait de légèreté… Parce qu'elle nous offre toujours son lot de découvertes si bien écrites et sur lesquelles je ne me serais pas forcément retournée autrement !
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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