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Citations sur Mandelstam, mon temps, mon fauve : Une biographie (8)

Printemps 1920 Mandelstam est alors en Crimée
Le poète Emili Mindline se souvient que Mandelstam, un soir qu'il rentrait en nage de la vigne, lui récita les sept magnifiques strophes du poème vénitien. C'étaient sa vision de la mort de l'homme, de la mort à Venise qui était également un masque pour Pétersbourg, la Venise du Nord agonisante :

"Air délicat de la peau. Veines bleues.
Neige blanche. Vert brocart.
Tous sur des civières de cyprès
On les tire de leurs manteaux, tièdes et somnolents.

Et brûlent, brûlent les bougies dans les corbeilles
Comme la colombe vola dans l'arche.
Au théâtre, aux vaines assemblées,
L'homme se meurt.

"L'homme se meurt" : la mort est partout sur cette péninsule déchirée par la guerre civile. (...) La côte de Crimée était son Italie. Sienne et Venise, qu'il n'avait jamais vues, hantaient son imagination. (p199)
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"Dans la poésie, l'invention et la mémoire vont de pair : se rappeler c'est aussi inventer, qui se souvient réinvente. Le problème fondamental du goût littéraire moscovite est l'oubli de cette double vérité. (...) La poésie respire par la bouche et par le nez, par la mémoire et par l'invention. Il faudrait être un fakir pour se passer de l'une de ces deux respirations" ( "Moscou littéraire" essai de Mandelstam)
Les révolutionnaires de la culture grisés par l'avenir négligent la mémoire : c'est là le principal reproche que leur adresse Mandelstam.
Dans "Un éclat", il se dresse aussi contre toute appropriation ou toute mise sous tutelle de la poésie par le pouvoir : "La pauvre poésie recule craintivement devant les nombreux canons de revolvers braqués sur elle, chargés de sévères exigences. Que doit être la poésie ? Peut-être ne doit-elle être rien du tout, peut-être ne doit-elle rien à personne et tous ses créanciers sont-ils des imposteurs !"
(p 252)
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Mon temps, mon fauve, qui pourra
Plonger au fond de tes prunelles ?
Qui de son sang recollera,
Les vertèbres de deux siècles ?
(...)
Et les bourgeons vont encore gonfler,
Le rejeton de verdure jaillira,
Mais ton échine est brisée,
Mon pauvre siècle, si beau !
Et avec un sourire insensé
Tu regardes en arrière, faible et cruel,
Comme une bête jadis souple,
Se retourne sur ses propres traces...

Ce poème de Mandelstam voit le jour les 8-9 octobre 1922.
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Mandelstam supprime les frontières, fait surgir des époques et des espaces, multiplie les mondes.
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Exister - Voilà la plus haute ambition de l'artiste. Il ne veut pas d'autre paradis que celui de l'existence
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La Crimée restera pour lui, toute sa vie, une terre promise.
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Sa foi en la Russie est d'ordre intime.
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Ossip Mandelstam n'était qu'une victime de plus parmi les centaines de milliers de morts du goulag stalinien, et son corps fut jeté nu, avec un numéro matricule attaché au pied, dans une fosse
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