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Critique de Flaubauski


Résumer l'intrigue de Middlemarch tient en un mouchoir de poche pour ses plus de 1000 pages, puisque George Eliot ne fait que nous conter, finalement, le quotidien d'une ville anglaise fictive de province, Middlemarch, et de son comté, au début des années 1830. Et pourtant, comme ce roman est passionnant ! Je l'ai personnellement lu en une grosse semaine, ce qui veut tout dire.

Comment la romancière est-elle parvenue, avec cette intrigue somme toute minimale, à me tenir en haleine pendant tant de pages ?

Tout d'abord, pour sa galerie de personnages d'une grande richesse, en tête Dorothea, jeune femme du coin, et Lydgate, jeune médecin aux nobles origines qui vient de s'installer, de leurs déconvenues maritales à leur capacité à faire fi de celles-ci, envers et contre tout, mais aussi leur entourage plus ou moins proche, famille, amis, employés… Chacun a, en effet, son caractère propre, bien loin, dans tous les cas, de la caricature, tout en profondeur, en réalisme, en peinture fidèle et crédible de l'Humanité.

Ensuite, pour sa capacité à nous décrire ces personnages, leur quotidien, les situations plus ou moins problématiques auxquelles ils doivent faire face, avec, bien souvent, une petite pointe d'humour derrière le réalisme du propos et de la description. Les travers de chacun, bien humains, et de la société dans laquelle ils évoluent plus généralement, souvent médisante, plutôt réfractaire au changement, pour qui l'apparence et le regard des autres ne peuvent qu'être les plus importants, sont ainsi subtilement plaisantés, avec plus ou moins d'ironie selon les personnages concernés. L'on entre ainsi dans un entre-soi tout aussi crédible que les personnages qui en font partie, où chacun y a sa place, pour le meilleur comme pour le pire, et où on l'assiste de fait à des jeux de pouvoir, eux aussi typiquement humains.

Enfin, pour son aptitude à décrire l'évolution de la société anglaise dans son ensemble à travers la description de cette infime partie de l'Angleterre, en ce que l'Histoire du pays entier n'est pas oubliée : il y est en effet question de la Reform Act, de la médecine, de l'industrie, des transports, de l'art…. L'entre-soi rejoint alors le Monde, et l'histoire devient Histoire de son temps, avec une grande maîtrise, tant l'ensemble fusionne avec naturel et simplicité.

J'avais apprécié le moulin sur la Floss, j'ai adoré Middlemarch, en ce qu'il est vraiment, comme l'indique son sous-titre, une étude de la vie de province. J'ai été malgré tout un peu déçue par le dénouement, trop pressenti, qui ajoute pour moi un peu trop de romanesque au réalisme premier.
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