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Critique de kikenbook


En 1974, on découvre enterré sur la berge d'une rivière, le cadavre quasi-intact d'une adolescente disparue depuis 20 ans. Quasi car le coeur de la jeune fille a été remplacé par un petit panier d'osier contenant la dépouille d'un serpent se mordant la queue. John Gaines, shérif de Whytesburg, est chargé de l'enquête qui réveille chez lui des souvenirs visiblement plus traumatisants que deux mois de confinement avec belle-maman : Gaines a vécu l'enfer de la guerre du Vietnam. Viêt-Congs comme Américains étaient beaucoup moins avenants que belle-maman si j'en juge par ce que nous en décrit Ellory.
Car voilà ce qui fait la force et la qualité des romans d'Ellory : le savant et intelligent mélange d'une intrigue policière captivante et d'un morceau de l'histoire américaine rarement vue sous son meilleur jour. Gaines a connu le Vietnam, mais d'autres cicatrices balafrent le destin des personnages du roman : les séquelles psychologiques de la seconde Guerre Mondiale, les traditions vaudou de la Louisiane voisine, comme la présence nauséabonde du Klan et de la ségrégation raciale toujours active dans les tréfonds du Mississippi sont autant de points noirs dans le portrait que dresse Ellory d'une Amérique où finalement peu de choses ont changé depuis les années Tom Sawyer qui, plus d'un siècle avant mais dans la même région, cachait sous un masque de petit héros généreux, courageux et libre, un faux rebelle volontiers menteur, voleur et raciste.
Dans "ces neuf cercles", Ellory joue à lever le voile sur ce que dissimulent les apparences et il le fait notamment dans des dialogues magistraux qui sonnent terriblement juste en particulier dans d'intenses et électrisantes scènes de confrontation entre Gaines et les membres de l'intouchable famille Wade. (On y pense rarement mais coup de chapeau à la traduction de Fabrice Pointeau).
En parlant de traduction, petit bémol. "The devil and the river". Tel est le titre original du roman de Ellory et je m'interroge une nouvelle fois sur ce choix de titre français qui, il faut le reconnaître, a moins de lien avec le sujet du roman qu'aurait pu en avoir "Le diable et la rivière", surtout si l'on se réfère à la chanson de Blues Saraceno "The river" dans laquelle "oh mon seigneur, prends cette âme, dépose-moi au fond de la rivière, le diable est venu me ramener à la maison…". J'ignore si la référence est voulue par l'auteur mais la coïncidence est troublante. On devrait laisser un peu tranquilles ces "neuf cercles", références à l'Enfer de Dante et maintes fois évoqués dans les romans noirs contemporains. le roman d'Ellory n'avait pas besoin de ce lieu commun.
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