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Critique de jeannedesaubry


Cela a beau être le Mississippi, il peut pleuvoir, faire gris et froid, aussi bien sous le ciel que dans les coeurs en cet hiver 1976.
Dehors, c'est au bord du fleuve, une jeune fille que la pluie extrait de la terre.
Dedans, c'est l'esprit tourmenté du shérif Gaines qui vit avec sa mère et tente de composer avec les fantômes inoubliables de la guerre du Vietnam. Car, comme lui disait là-bas son lieutenant juste avant de mourir : « le souvenir des morts est le plus lourd des fardeaux ».
La jeune fille dont le cadavre échoit au shérif ne figure pas sur la liste des personnes récemment disparues. Et pour cause : il y a vint ans qu'elle s'est évanouie dans la nature.
Sa mère, « petite blanche » misérablement logée, vivant de rien, ne peut pas supporter la fin de cette attente, seule à donner un semblant de sens à sa vie.
Un coupable trop facile, soldat revenu fou d'une autre guerre fait un coupable facile. Une famille riche concentre les soupçons de Gaines, famille qui a la fâcheuse particularité de raviver les pires souvenirs du policier. Il se débat en vain pour supporter les rappels incessants du passé. Passé de la nation et des atrocités commises en son nom, et passé de l'homme. Comment se défendre des abandons qui l'ont meurtri à vie ?
Roman crépusculaire, « les Neuf Cercles » portent bien son titre. Tous les péchés seront passés en revue, il faudra tout l'opiniâtreté du shérif pour aller au bout d'un mystère qui se dérobe. le temps, l'argent, la politique et l'indifférence sont des alliés puissants pour les méchants.
Tout en nuances, introspectif, sombre, avec ce nouveau roman, R.J. Ellory renoue avec sa fascination pour les conséquences du meurtre chez les vivants, la pénétration du monde des morts dans la vie. Il avait magnifiquement évoqué ces cercles-là, comme autant de ronds dans l'eau avec « Seul le silence » qui l'a fait connaître en France.
Avec une écriture discrète, par petites touches successives offrant des points de vue singuliers, Ellory s'y entend décidément pour plonger son lecteur dans une mélancolie prégnante.

Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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