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Critique de Melisende


R. J. Ellory était un nom que je connaissais mais je ne m'étais pas encore penchée sur un texte de l'auteur. Alors que Seul le silence dort dans ma Pile à Lire depuis quelques années, c'est finalement avec Les Assassins que je franchis le pas. Merci donc aux éditions Sonatine et à PriceMinister d'avoir forcé le destin car je ne regrette pas, la découverte fut quasi parfaite.
Je ne manquerai pas d'ouvrir le plus célèbre titre de Monsieur Ellory – celui précédemment cité – dans le courant de l'année 2016… et s'il est aussi addictif que ce dernier-né, cela promet de belles heures de lecture !

Le prologue, s'étalant sur une cinquantaine de pages, m'a bien vite convaincue. Utilisant une narration saccadée, ni linéaire ni chronologique, R. J. Ellory nous relate l'épisode traumatisant du jeune John Costello, 16 ans alors, victime réchappée d'un serial killer. J'ai aimé cette mise en bouche. Vraiment beaucoup.
Plusieurs années plus tard, dans les années 2000, la ville de New York subit plusieurs meurtres en l'espace de quelques semaines. A priori, rien ne relie les affaires entre elles, ni le mode opératoire, ni la victimologie, ni même le district dans lequel on les retrouve. Et pourtant, John Costello devenu un expert en serial killers, comprend qu'un copieur reprend les crimes d'anciens tueurs en série. Son hypothèse trouve rapidement une oreille attentive en la personne du détective Ray Irving, mandaté sur certains des meurtres. Malgré les difficultés politiques et bassement matérielles, les deux hommes vont devoir réussir à convaincre la police new-yorkaise qu'une seule et même personne se cache derrière tout ça… malheureusement, impossible de trouver des indices et des preuves qui mèneraient à son identité ! L'attente du prochain assassinat commémoratif commence…

Grande fan de la série Esprits criminels, les tueurs en série, ça me parle. Si une dimension horrifique est fatalement liée à ces meurtres répétés, c'est surtout le côté profondément « humain » que je retiens derrière. Parce que ces criminels ont généralement un passé bien particulier, une histoire qui les a construits et les a menés où ils sont. La série télé Esprits criminels s'attarde sur le profilage et la « compréhension » de ces hommes devenus monstres, souvent à cause de leur environnement.
J'ai retrouvé chez R. J. Ellory, un aspect psychologique qui m'a plu. Ses personnages sont complexes, souvent sombres, au passé assez tortueux… et le principal – ou en tout cas, celui autour duquel tout tourne – John Costello, incarne assez bien tous ces traits. Sa personnalité ambiguë nous fait douter pendant un très très long moment (jusqu'à la fin pour ma part) de sa culpabilité ou non dans ces commémorations. Après tout, l'expérience traumatisante vécue adolescent le prédestinait peut-être à se transformer en tueur en série ? Et puis, qui, mieux que lui (véritable encyclopédie), pourrait être au courant – et donc reproduire – chaque détail appartenant à d'anciennes affaires plus ou moins élucidées ? John Costello possède une part d'ombre en lui et des tocs qui amplifient sa « bizarrerie » et ne peuvent que nous amener à penser que oui, le Commémorateur, ça pourrait bien être lui !
Ray Irving, le détective et Karen Langley, la journaliste, sont eux aussi des personnages très bien campés, bien qu'un tout petit moins marquants que John, à mon goût. Irving est malgré tout une figure intéressante, lui aussi plein de zones d'ombre, avec beaucoup de relief et je ne serais pas mécontente de le retrouver dans une autre enquête.

Se basant sur des faits réels (l'identité des tueurs en série copiés et évidemment les meurtres qu'ils ont chacun commis), R. J. Ellory ancre encore un peu plus son récit dans notre monde. C'est assez effrayant quand on y pense. Les Etats-Unis semblent regorger de serial killer aux moeurs toutes plus dissolues les unes que les autres ! Et ce Zodiaque qui reste un mystère encore bien des années après… Et ces collectionneurs d'objets (des groupies !) ayant appartenu aux meurtriers (ou pris sur les scènes de crime)… Quelle folie ! Effrayant et en même temps fascinant. C'est bien le sentiment qui se dégage de ce petit pavé qui, malgré son nombre de pages et ce qu'il peut nous proposer d'horreur, se révèle être un page-turner qu'on ne peut pas lâcher avant le dénouement.
Le dénouement, c'est finalement le seul petit bémol que je pourrai apporter à cette découverte quasi parfaite. Je comprends tout à fait le choix de l'auteur mais, par goût personnel, j'aurais aimé qu'il soit autre. [ATTENTION SPOILER] Personnellement, j'aime me faire mener en bateau du début à la fin, ainsi, j'apprécie quand le coupable est sous mes yeux depuis le début alors que je n'ai rien vu venir – quand c'est bien mené et pas évident, évidemment ! – le fait que le Commémorateur soit un personnage totalement inconnu que l'on ne rencontre qu'au dernier moment, s'explique tout à fait et encore une fois je comprends ce choix, mais ça me déçoit un peu. [FIN DU SPOILER] En même temps, le cheminement jusque là est si passionnant que je pardonne bien volontiers.

J'ai dévoré ces quasi 600 pages en 3 jours. Dire alors que Les Assassins est un page-turner efficace ne me semble pas inapproprié. Un commémorateur qui copie les crimes d'anciens serial killer, des meurtres qui se multiplient selon un calendrier précis et pas un indice pour découvrir l'identité du coupable… de l'attente, de la tension… et des doutes concernant un des personnages principaux, John Costello l'ancienne victime. C'est rondement mené et sans temps mort. Et si je regrette un tout petit peu le dénouement, je suis tout de même ravie de cette découverte… et lirai d'autres titres de R. J. Ellory, c'est sûr !

Et parce que ma « mission » était d'en parler en vidéo… https://www.youtube.com/watch?v=X275bwJXCC8
Lien : http://bazardelalitterature...
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