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Critique de Skorpionnan


Ce livre a été lu dans le cadre du jury des lecteurs le livre de Poche Policier 2011, et j'en remercie l'éditeur.

Lecture

Un cadavre très abîmé, massacré même, est découvert dans une voiture dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Et pas n'importe quelle voiture, une vieille américaine de collection. Pas n'importe quel cadavre non plus : le garde du corps de la fille d'un homme politique très en vue.
Ray Hartmann travaille pour la police fédérale à New-York. Entre crimes et horreurs, il en a vu de toutes les couleurs dans ce travail auquel il se donne à fond. Mais l'alcool est trop souvent son carburant et sa vie de famille en souffre. Apeurées par sa violence sous l'emprise de l'ivresse, sa femme et sa famille ont pris le large et le voient peu.

Rien de commun entre ces deux histoires. Si ce n'est qu'à la Nouvelle-Orléans, un certain Perez se signale à la police comme le kidnappeur et demande, contre la vie de la jeune fille, que Hartmann écoute sa confession. Voilà donc Hartmann de retour dans sa ville natale pour écouter les histoires d'un truand inconnu, ou d'un tueur chevronné, ou peut-être d'un dingue affabulateur. Entre lui et Perez va se nouer un duel oral fait d'interrogations, de mystères et de manipulations. L'enjeu : une vie. Perez raconte sa vie de tueur, ses liens avec le crime organisé, ses espoirs, ses tragédies, ses amitiés et ses vengeances.

Mais pourquoi Hartmann ? Pourquoi tuer et kidnapper pour un catharsis psychologique ? Les enjeux ne sont pas les mêmes pour les protagonistes.

Avis

Dès le début du livre, j'ai été frappé par le style de RJ Ellory. Je le confondais souvent avec son homonyme d'anagramme Ellroy. Et la comparaison est assez naturelle à la lecture. Ellory développe des phrases pleines, construites et denses sans jamais tomber dans la lourdeur ni l'indigeste. Il faut prendre le temps de suivre chaque paragraphe dans ses détails et méandres. Ce n'est pas le genre de livre que l'on peut lire en diagonale.
Du coup, au long de ses presque 800 pages il tient bien dans la durée et sait accrocher. L'histoire est en effet prenante. La vie contée de Perez commence à Cuba et suit l'histoire de la Mafia. Malheureusement cela sent un peu le réchauffé. Batista, Lansky, Siegel ou Hoffa et consorts sont des sujets déjà suffisamment connus pour que la période 1930-1960 présente peu de surprises. Je n'ai pas vraiment trouvé d'intérêt à cet exposé. Les histoires généalogiques, gérontologiques, ou nécrologiques des grandes familles de truands ne sont pas des plus vivifiantes.
Ce récit de Perez se double habilement de l'enquête actuelle sur le kidnapping, éclairée ou obscurcie par les révélations savamment distillées du tueur.

Dans la seconde partie, Perez, de tueur décérébré évolue lentement vers une prise de conscience de sa vie. Pas de remords ou de compassion, il est et reste un tueur froid, intelligent et efficace. Mais ses remises en question sur l'amour, l'amitié et le sens de sa vie sont en fait celles qui font renaître son interlocuteur Hartmann. L'histoire plus récente, qui m'était moins connue m'a également plus intéressé.

Dans la dernière partie, on assiste, assez incrédule, à la jonction de tous les éléments épars, à la mise en lumière de la situation actuelle sous les feux d'un passé de plus de 50 ans de crimes. Tout s'emballe. L'enquête, les motivations, l'action, les pistes et les questions se rejoignent pour un twist final assez surprenant que n'aurait pas renié Keyser Söze.

Chacune de ces époques correspond à des lieux différents : Cuba et la Floride, New-York et Chicago, la Nouvelle-Orléans et la Louisiane. L'auteur sait très bien retranscrire les ambiances de chacun de ces lieux. Les différences d'ambiance, de civilisation, de vie sociale, de rythme et de température sont superbement transmises. J'ai particulièrement apprécié tous ces environnements qui posent vraiment le récit dans un cadre réaliste. La moiteur, la noirceur et l'ambiance collante et moite des bayous est particulièrement réussie.

Les personnages sont complexes et ambivalents. le tueur est intelligent, cultivé, manipulateur. le policier est humain et blessé mais peut-être un vrai connard quand il a bu. Les policiers sont prêts à prendre des libertés avec la loi pour sauver une vie. Les malfrats sont prêts à tuer pour l'honneur mais aussi à trahir pour sauvegarder leur peau. Rien n'est manichéen, rien n'est simple et peu de choses sont ce qu'elles paraissent. Les nombreux personnages secondaires sont construits. L'auteur les décrit plus par leurs caractères, leurs réactions et leurs comportements que vraiment physiquement. On ne peut s'empêcher inconsciemment de faire la distribution des rôles parmi les acteurs que l'on connaît.

Conclusion:

L'histoire ne m'a pas laissé en route. Bien que lassé par ma première partie, j'ai bien fait de tenir pour être ensuite accroché à cette Vendetta.

Un livre pas toujours facile à lire. Un style fin et solide malgré un sujet qui ne m'a pas toujours intéressé.. J'avoue que deux autres livres de cet auteur ont rejoint ma Pile A Lire et je me régale d'avance de son écriture si riche sur un fonds plus à mon goût.

Ma note : 15/20.
Lien : http://www.atelierdantec.com..
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