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Critique de R2N2


Ma découverte de R.J. Ellory fait partie de ces hasards qui marquent. Un soir d'hiver, la nuit est déjà tombée, la neige ralentit le trajet de retour de mon boulot. Pourtant, il faut que j'arrive à la bibliothèque avant 18h : j'ai terminé le dernier bouquin emprunté sur ma pause déjeuner ! Au prix de quelques entorses aux règles de prudences et d'un abandon de véhicule en dehors des places autorisées, je parviens dans la petite bibliothèque rurale quelques minutes avant la fermeture. Même pas le temps d'avoir une pensée pour les employé·e·s, pour qui l'arrivée intempestive d'un importun si près de l'heure de fermeture est quasiment synonymes de ne pas pouvoir partir pile à l'heure. Je me précipite au rayon policier, très peu fourni dans cette petite bibliothèque au public âgé. Panique, il me faut prendre quelque chose, et vite. de mes quelques auteurs fétiches, j'ai lu tout ce qu'il y a là depuis longtemps. Aucune couverture, aucun titre qui me tape à l'oeil. J'attrape un ou deux livres, peu convaincu et me retrouve devant les Ellroy. Ça fait longtemps que je n'ai pas lu de James Ellroy, j'ai toujours eu un rapport ambigu à ses livres que je trouve à la fois de qualité et qui en même temps ne m'ont jamais pleinement satisfait, m'ont toujours laissé un peu en dehors. Il y en a là trois ou quatre et l'occasion est bonne pour réessayer. Sauf qu'évidemment tous les titres d'Ellroy me disent quelque chose, sans que je ne parvienne à me rappeler lesquels j'ai lu (je suis d'ailleurs toujours incapable de me souvenir des titres de livres et surtout de les relier au bouquin correspondant). Pas le temps lire la quatrième de couverture, encore moins de feuilleter les livres. Ce n'est pas si grave, j'ai l'habitude de relire des livres déjà lus et j'y passe parfois de meilleurs moments que lors de primolectures. Cependant, tout à gauche de la série, il y en a un, dans une autre édition, dont le titre ne me dit rien, peut-être un plus récent. Je l'embarque sans même y jeter un oeil autrement que sur la tranche.

Bon, à ce stade là de l'histoire vous avez sûrement compris l'erreur. Je ne risquais pas d'avoir lu Vendetta de James Ellroy, puisque contrairement à R.J. Ellory, qui m'était alors totalement inconnu, il n'a jamais écris ce livre. Une inversion entre le « o » et le « r » et la confusion est faite. Elle est tellement facile à faire que j'ai même lu depuis que certains accusent Ellory de l'entretenir volontairement cette confusion, d'où le fait qu'il ne signerait plus ses livres de son prénom complet. L'accusation me paraît un peu gratuite, car enfin, pour autant que je sache Ellory s'appelle bien Ellory et que, qu'il signe R.J. Ellory ou Roger Jon Ellory, la ressemblance entre les deux patronymes sauteraient aux yeux. Que l'auteur soit peu sympathique et pas très honnête est tout à fait possible, mais n'empêche pas que l'accusation me paraît peu fondée.

Bref me voilà donc avec en main Vendetta, un bouquin de 650 pages d'un auteur que je ne connais pas, dont le résumé en quatrième de couverture ne m'inspire pas plus que ça, ni ne me rebute, mais avec un a priori négatif. Ben oui, c'est peut-être con, mais la déception induite par la confusion m'a laissé un goût amer et donc peu d'enthousiasme face à ce livre qui n'était pas ce que je croyais.Pourtant, je m'apprêtais à prendre une de ces claques littéraires qui marquent durablement. L'écriture d'un grand styliste, la construction d'un parfait architecte littéraire, le suspens d'un pur thriller et surtout l'ambiance de chouette roman noir, tout était dans ce livre pour me plaire. Contrairement à ce qu'on peut lire dans certaines critiques, je n'ai pas trouvé le début trop lent et ennuyeux. Je me suis au contraire immédiatement plongé dans l'histoire et son atmosphère. C'est la fameuse fable de la grenouille qu'on met dans l'eau froide et qui ne se rend pas compte qu'elle chauffe petit à petit et ne s'enfuit pas, vous connaissez ? Et bien c'est exactement comme ça que le bouquin m'a piégé. Un livre qui commence sur les chapeaux de roues, ça peut être super si on entre directement à fond dans l'action, mais ça peut aussi rebuter et faire fuir hors du chaudron si on se demande un instant dans quoi on vient de débarquer et qu'on est choqué par le rythme déjà chaud bouillant. Évidemment, la méthode R.J. Ellory n'est pas moins risquée. Un démarrage lent, peut aussi être chiant et faire fuir, mais là ce n'est clairement pas le cas. Encore une fois je n'ai pas vu de lourdeur dans les premières dizaines de pages mais une immersion irrémédiable. J'ai particulièrement aimé une ambiance à la fois très disparate (l'histoire fait intervenir des lieux et cultures différentes entre New-York, Cuba, la Louisiane… mais aussi des époques différentes puisque le personnage principal nous raconte cinquante ans de l'Amérique du crime) mais tout de même homogène (pas de sensations de ruptures déstabilisantes comme dans certains ouvrages avec ce niveau d'ambition) ainsi que le personnage du vieux tueur à gage, rustre et raffiné à la fois, un gros con réactionnaire mais séduisant.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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