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Critique de Symphonia2


Le Dahlia noir est un très beau classique, un polar culte qui a donné lieu d'ailleurs à un film réalisé par Brian de Palma qu'il faut absolument que je vois. L'enquête est basée sur des faits réels, le meurtre non élucidé d'Elizabeth Short. Cela a piqué ma curiosité d'autant plus que le mystère reste entier et n'a jamais vraiment été résolu, même si quelques pistes ont été évoquées. J'ai été curieuse de savoir comment l'auteur allait conclure son récit.

Mais au-delà de l'enquête, ce qui fait le charme et l'intérêt de cette oeuvre, c'est son ambiance, l'atmosphère d'une époque avec ce qu'il faut de vice, de noirceur, de corruption, d'ambiguïté et de sexe pour nous fasciner et nous faire voyager dans le Los Angeles d'après guerre. Un Los Angeles à la fois brillant et crasseux. On y côtoie le monde des riches comme les bas fonds.
L'enquête est un prétexte pour nous raconter la descente aux enfers d'un policier obsédé par une affaire hors norme. En fait, la fin est bien moins importante que le chemin que l'on a fait pour y arriver. La découverte du meurtrier est assez anecdotique pour moi car j'ai été davantage frappée par le parcours du policier et des personnages autour de lui.

D'ailleurs, les personnages sont un point fort car décrits avec une très grande subtilité qui nous évite de tomber dans les clichés. Ils ont tous une part d'ombre, ce qui leur confère une aura et un intérêt tout particuliers. C'est le cas d'Elizabeth Short mais elle n'est pas la seule. Lee, le collègue de Bleichert ou Kay sont d'autres exemples.

Si on en revient au thème principal, le meurtre d'Elizabeth Short, l'auteur nous décrit aussi – sans que cela m'étonne vraiment – une sorte de voyeurisme malsain dans la réaction des gens, qu'il s'agisse des journalistes qui n'avaient de cesse de publier le moindre détail sur la victime ou l'enquête, ou du public qui a été à la fois choqué et fasciné par l'horreur du crime.

A travers l'enquête, on en apprend beaucoup sur la victime, Elizabeth Short. Comme si l'auteur voulait lui rendre hommage en racontant dans le détail sa vie, son caractère, sa façon d'agir, de penser. Elle reprend vie dans le récit de James Ellroy et dans les yeux de l'inspecteur Bleichert. On la voit agir, on apprend à la connaître. Son côté jeune fille de la campagne qui arrive en ville est touchant et en même temps son côté « fille de mauvaise vie » nous rebute. En fin de compte, elle est comme tous les personnages, elle aussi avait un côté plus sombre, ce qui la rend d'autant plus attirante.

Si vous lisez ce livre vous devez lire la post-face de l'auteur, extrêmement touchante par l'honnêteté et le courage de James Ellroy qui raconte le passé de sa mère et la manière dont il a dû gérer sa mort violente, puisqu'elle a été violée et assassinée sans que le coupable n'ait été retrouvé. Elle permet de comprendre l'oeuvre qui est encore plus marquante et puissante lorsque l'on connaît l'histoire personnelle qui se cache derrière et les raisons pour lesquelles Ellroy a choisi de raconter cette histoire. Cela donne un éclairage particulier à la manière de raconter l'enquête et surtout au parcours de l'enquêteur Bleichert en qui l'auteur confesse se reconnaître. J'ai parlé plus haut d'une sorte d'hommage à Elizabeth Short, et c'est bien ce que l'auteur a voulu faire, comme si sa mère et Elizabeth Short se confondaient en une seule et même personne.
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