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Critique de Thyuig


Thyuig
08 décembre 2011
Attention ! Poussée de haine !
Garde ! Ellroy a sorti les crocs, ses gants sont plombés, tachés du sang de Bobby Kennedy et Martin Luther King ! Malheurs aux initiés, l'écrivain va être implacable ! Il va menacer un à un les symboles, retourner la lutte des classes en gigantesque gabegie, travailler au corps les indics, les michetons et les pourris, attention, poussée de haine !
Underworld USA étire sa folie sur 900 pages, vrai-faux recueil d'informations secrétes, puits sans fond de documents caviardés, Hoover, Nixon, mais aussi ceux qui prennent la rue comme terrain de jeu : Dwight Holly, Crutch, le frenchie, Joan, Bennett, Marsh Bowen, autant de noms que de secrets, des promesses d'ultra-violence.
Difficile de circonscrire ce dernier tome de la trilogie USA, il est d'abord trop dense, trop haineux, trop violent, Ellroy découpe ses phrases et ses personnages au même rythme, juxtaposant les faits, raccourcissant les connexions, mélant comme à son habitude la petite à la grande histoire. Son pretexte ? Ce sont les petites mains qui font L Histoire. Son but ? Montrer que ce qui est caché l'est pour de (très) bonnes raisons, parce que c'est sale, empli de haine, criminel au plus haut niveau. Ses méthodes ? Juxtaposer trois récits distincts : celui de l'agent Dwight Holly infiltrant pour Hoover un policier Noir dans le réseau du militantisme noir de LA. Celui de Crutch, pauvre hère paumé, dépassé par les événements et dont la science sera le décryptage, la quête de sens, Crutch va servir de passerelle. Enfin celui de Junior Tedrow, l'homme qui a participé à tous les assassinats politiques des années 60, payé à la fois par la folie de Hugues et celle des parrains de la mafia. Trois récits distincts qui s'entrecroisent souvent, avec en exergue l'attaque sanguinaire d'un fourgon blindé à LA le 22 février 1964.
On frôle l'indigestion tant le fruit est mur sous la plume d'Ellroy. Trop de haine raciale choque, trop de haine rouge choque, trop de haine homosexuel choque, Ellroy emploie "singes", "suceurs de bites", "vermine", "macaques", autant de termes insupportables. L'addition est lourde, Underworld USA est dur à lire parce que précis à la limite de l'alienation mentale, le decrytage est sauvage et les frontières entre le réel et le supposé se fondent en un grand tout vaudou, drogué, malfaisant et criminel. Dur à lire dans ses deux premiers tiers, mais Ellroy emporte son pari sur le dernier, en élucidant pas à pas son intrigue, la clarifiant et peut-être aussi en y instillant un brin d'espoir, on ne l'en pensait plus capable.
Au final, 900 pages de haine pure, bien sûr maquillée en complots, enquêtes et procédures, mais, il faut le répéter, le monde de James Ellroy est décidement bien triste.
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