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Critique de Derfuchs


Ce livre est le dernier volet de la trilogie commencé avec American Tabloïd, puis American Death Trip. Ellroy nous offre avec ces trois volets douze ans, parmi les plus tourmentés du XXème siècle, du paysage noir et politique des Etats-Unis.

1968, Martin Luther King et Robert Kennedy ont été assassinés. L. B. Johnson termine son mandat et ne reçoit pas l'investiture démocrate. C'est Humphrey qui se présente face à R. Nixon, qui sera élu à la présidence des Etats-Unis, selon la volonté du FBI, de la mafia et de Howard Hughes, lesquels ont financé sa campagne en échange de promesses, notamment, contre la loi antitrusts et l'implantation de casinos en Amérique latine.

C'est dans un style éblouissant, télégraphique, sujet-verbe-complément, épuré au maximum, beau comme une tragédie grecque que J. Ellroy a écrit ce livre. Il vous scotche à votre fauteuil pour mieux vous mettre K.O avec sa prose dont Chandler ou Chase seraient jaloux. Vous voulez du roman policier noir, vous en avez.

Ellroy appelle un chat un chat, pas de fioriture, on n'est pas là pour ça. le KKK entre en scène, alors c'est la langue klanesque qui entre en lice, on parle de l'ékipe, du kar, du kamp, des klébards, etc. Il réussit, surtout, ce tour de force, à intégrer ce changement de style sans affecter le déroulement de l'action ni la lecture. Cette approche n'est pas sans rappeler Melville dans son Moby Dick et la langue des marins.

Un règlement de comptes, des coups de feu, alors le sang gicle sur votre gilet, sur vos lunettes de lecture. Les balles sifflent, vous vous précipitez derrière votre fauteuil, respirez l'odeur de la poudre et comptez les douilles. Les coups pleuvent, il vous faut les esquiver, gauche, droite, direct, uppercut, c'est trop, vous êtes K.O debout, jet de l'éponge, le livre glisse de vos doigts. Dodo, faites de beaux rêves!

Le braquage reste le leitmotiv du roman, certains protagonistes, mieux informés que d'autres cherchent la vérité, avec pour but la récupération du magot. D'autres, exécuteurs de basses oeuvres, y viendront, leurs chemins se croisant.

Ellroy, avec ce brio qui lui est propre nous fait passer des assassinats de MLKing et RFKennedy aux parrains mafieux, Marcello, Giancana et Traficante, à Howard Hughes, sa clique de Mormons et sa volonté de rachat des casinos de Vegas. Mais aussi de Hoover Directeur du FBI aux fantoches haïtiens, Papa "Doc" Duvalier et ses tontonss macoutes ainsi que dominicain Balaguer et sa banda.

Le black power est en boutons et ne demande qu'à éclore. La droite n'en veut pas, la gauche, les rouges, si et tentent de le récupérer. La droite envoie ses indics, ses coupe-circuits, ses sous-marins, elle infiltre, espionne, la gauche désinforme, réagit, aide financièrement, se bat sur tout le territoire mais aussi en République Dominicaine et en Haïti.

Avec une grande facilité d'écriture, Ellroy, nous entraine dans l'underground de Los Angeles, sa ville, dans les bouges, avec les prostituées mâles, femelles, les homos des deux sexes, les porte-flingues, les balances, les flics ripoux. Les personnages de ce roman, dont les caractères sont tranchés et écrits à la serpe, sans complaisance, sont tous guidés par un but bon ou mauvais, juste ou injuste, pour leur compte ou pour le compte d'autres et il mettra dans la bouche de l'un des protagonistes, cette phrase : si tu poursuis un but, fais en sorte que ce ne soit pas lui qui te poursuive.

Je suis un convaincu, pas besoin de prêcher pour, je suis un affidé, un conquis d'Ellroy. Je m'attendais à quelque chose d'aussi fort que les deux précédents opus. Dire que je ne suis pas déçu est un petit mot, j'ai été enthousiasmé par Underworld USA. Cette forme d'écriture, remarquable, n' a qu'un seul inconvénient, celui d'arracher les tripes et de vous faire entrer tête baissée dans le roman en sachant que le choc risque d'être rude et qu'il laissera des traces et fera des dégâts !

Dans la dernière partie, au moment du dénouement, Ellroy, démontre avec un phrasé plus conventionnel, une richesse de vocabulaire, qu'il sait aussi être un véritable écrivain de très grand talent.

On aurait tort de se priver d'une telle lecture, voire, pour ma part, d'une relecture.

C'EST UN CHEF-D'OEUVRE !

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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