Mais je serai ricochet à jamais. A moi de gérer quand le caillou rebondit, tombe au fond de l'eau, ou revient se poser sur une plage par le mouvement d'une vague.
L'exil est son salut, il est ma souffrance.
Comme un tatouage moche, on peut toujours tenter de la ( la peur) masquer, elle reste encrée à vie sur la peau.
Ce n'est pas-uniquement- de l'égocentrisme : si on va mal, qui est là pour soutenir la victime directe ?
J'ai été le ricochet individuel d'un drame exceptionnel. J'ai voulu enquêter sur cette notion, pour mieux comprendre et mieux faire comprendre cela voulait dire, psychologiquement, juridiquement, métaphysiquement et concrètement.En quoi le quotidien et le rapport aux autres avaient été modifies.
Mon enquête n'est pas neutre, elle n'est pasobjective non plus. Comprendre ce qui s'est passé depuis 5 ans. En chercher le sens.
L'ultra violence de l'attentat a créé un piège : celui de tout analyser, tout voir en lien avec celui-ci.
Je repense au 11 janvier. Aux "je suis Charlie" beaucoup plus nombreux que les "je suis juif" ou "je suis flic". Comment les proches des victimes ont-ils vécu la différence de traitement médiatique et la différence de compassion collective.
L'apogée de ce sentiment d'être sur une autre planète, ou en tout cas de " ne plus appartenir au groupe des gens du monde d'avant
Le fracas devient la valeur de référence tatouée dans la mémoire, et désormais tous les événements s’y réfèrent inévitablement
Un attentat, c'est unviol des défenses psychiques.
(...) c'est que dans la vie, quand un de vos proches travers un drame affreux, un évènement brutal, il faut lui apporter un panier en osier avec de la nourriture dedans.
Après tout, dans les ricochets, les ondes circulaires grandissent avec le temps.
L’ exil est son salut, il est ma souffrance. On est dans une siuation bien tordue ce qui répare la victime directe porte préjudice à la vicime par ricochet.