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Critique de Kanzen


L'univers de la bande dessinée, d'où qu'elle vienne et quel que soit son format, a toujours porté une certaine violence. Érotisme et gore s'y côtoient régulièrement. Qu'on se souvienne des oeuvres de Serpieri, pour ne citer que lui. le marquis de Sade avait ouvert la voie dans ses écrits. de fait, eros et thanatos sont deux pulsions qui vont souvent de pair. Cependant, Garth Ennis et Jacen Burrows poussent ici le vice aux limites du supportable. Voyez plutôt. Crossed est un récit mené à la première personne par Stan, un paumé instable et nomade. Échoué dans un petit restaurant dans lequel il se fait quelques dollars, il assiste un soir à la fin de la civilisation. En effet, hommes, femmes, enfants semblent atteints d'un mal inconcevable : marqués d'une brûlure en forme de croix sur le visage, dénués de toute morale et de tout tabou, ils massacrent les gens sains avant de les violer par tous les trous. Et ce n'est pas une figure de style. L'infection se répand et, bientôt, c'est toute la civilisation qui tombe dans des abysses de violence. Stan et une poignée de survivants doivent rester mobiles, échapper aux infectés et trouver un lieu où se fixer. Ce sera l'Alaska. Avec Crossed, oubliés les clichés du zombie. Ils sont toujours en vie, et loin d'être décérébrés ; leur perversité les pousse à penser, et à mettre en place des stratégies incroyables pour assouvir leurs instincts morbides. Plus qu'humains ? La mise en case est très efficace. Elle alterne les plans larges et les gros plans bien saignants. le rythme oscille entre contemplation morbide et sentiment d'urgence. Parfois même, les pires atrocités se donnent à voir en double page, histoire que vous aussi, vous participiez à l'orgie. le trait est mature et très classique, mais précis, peut-être trop. Les corps sont très détaillés, et les expressions faciales hyper réalistes, surtout celles qui expriment la haine, l'envie, et le stupre. Les coloristes Juanmar et Greg Wallen utilisent une palette très large, avec des tons très sombres pour les environnements et des couleurs vives pour les personnages et les giclées de fluides. Obscène, perturbant, effrayant, ce comic est pourtant bien scénarisé, et donne envie d'en savoir plus. Au fil des pages, l'horreur se fait plus prégnante, le dégoût violent, et pourtant… pourtant, vous ne pouvez en détacher les yeux. A réserver à un public très averti, qui a l'estomac bien accroché. Ou à ceux qui ont vu Tokyo Gore Police. Sauf que dans Crossed, il n'y a rien dont on puisse rire.

Lien : http://lacritiquefacile.com/..
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