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Critique de Chestakova


Dans son « Atelier noir » Annie Ernaux livre au lecteur les réflexions qu'elle a confiées à son journal d'écriture au fil des années, un texte brut, tout en interrogations et en recherche.
Il ne s'agit pas d'une mise en scène des motivations qui l'ont conduite à l'écriture, un peu comme l'a fait Joyce Carol Oates dans « Paysage perdu », il s'agit au contraire, d'un véritable travail d'artisan, celui d'une autrice confrontée à l'essentiel pour elle de ce qu'est l'écrit : une forme autonome, forte, qui a sa propre vie, sa propre justification, au-delà du contenu et de ce qui est dit. La forme donne le sens.
Il ne faut donc pas s'étonner des répétitions nombreuses qui ponctuent le texte comme autant de tâtonnements dans la recherche, tenace et obstinée, l'atelier noir pourrait être comparé à la chambre noire du photographe, là où prennent forme les clichés. Annie Ernaux elle, y façonne la perspective qu'elle donnera aux mots. Elle pose la question fondamentale de la position de l'écrivain dans son propos, « je » « elle » d'où parle-t-elle pour rendre compte du temps qui façonne les êtres. Comment trouver la bonne distance pour être dans ses mots, à la fois « elle » et « je », dans un paysage social et une histoire, bien définis.
Le contraste est saisissant entre la forme de cet atelier noir, non repris, non travaillé, livré comme un minerai sorti de terre, et les écrits de l'autrice, au bout de cette confrontation avec elle-même, travaillés avec puissance dans la forme qui lui parait la bonne.
Avec son « Atelier noir » Annie Ernaux réussit à nous faire comprendre à quels les ressorts particuliers son écriture s'articule, à l'image de ce qu'un peintre ou un sculpteur pourrait nous dire, elle nous invite au plus près de son processus créatif.
Du bel ouvrage.
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