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Critique de Ana_Kronik


Il y a ceux qui adorent Johnny Halliday, les matchs de foot, les feuilletons télé... Et ceux qui ne jurent que par le jazz ou la musique classique. Ces deux catégories d'ailleurs se méprisent réciproquement, ou du moins se méfient l'une de l'autre.

Mais qu'est-ce qui explique ces divisions? Ce petit ouvrage, très facile à lire, fait le tour de la question. Un tour d'horizon des différentes études et théories sociologiques.

On y apprend une foule de choses. Par exemple, sur les séries télé: elles peuvent influencer leurs fans... et réciproquement: leurs fans peuvent influencer leur contenu. Elles sont interprétées par les spectateurs de différentes manières selon le genre, la culture (les exemples de Dallas, Friends, ou Hill Street Blues sont extrêmement éclairants sur ce point). Autre info surprenante: selon une étude, les ouvriers regardaient autant Thalassa, et fréquentent presque autant les galeries d'art que les cadres supérieurs (20% contre 26%).

Le rôle des producteurs est également analysé en théorie et en pratique: par exemple, comment Sartre a fabriqué Jean Genet, comment Van Gogh est devenu un artiste mythique, ou encore, comment le stéréotype de la prostituée s'est construit au 19ème siècle. La fonction des spectacles de masse n'est pas oubliée: hurler avec 40 000 autres supporters dans un stade, s'agiter au milieu de la foule lors d'un concert, répondent au besoin de faire partie d'une communauté.

Au final, le public existe-t'il vraiment? Nos attitudes sont très diversifiées. Car on peut certainement aimer à la fois les films de Godard et les matches de foot. le niveau social, le sexe, la culture, les compétences, l'origine ethnique, l'histoire nationale, l'expérience personnelle, composent ce terreau bigarré, sur lequel nous recevons des oeuvres concoctées par les industries culturelles - soumises aux lois de l'économie. Un des grands mérites du livre est de montrer que ce terreau, quelle que soit sa composition, est toujours fertile. Un autre est de ne pas prendre parti, mais de révéler la complexité de tous ces mécanismes.

Au passage, cette complexité devrait inciter les thuriféraires de l'intersectionnalité à un peu plus d'humilité...
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