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Les hommes préfèrent les guerres" est le premier roman de l'auteur suisse Nicolas Esse, publié cette année aux Editions
Baudelaire.
Le récit met en présence deux hommes. D'un côté, Célestin Wyomé, ancien mineur haltérophile récemment autoproclamé président de la République d'Afrique septentrionale, qui décide de faire un pied de nez aux USA en nationalisant la production locale de cuivre et en maintenant 20 000 déplacés internes en détention dans un camp.
De l'autre, Frank Weismann, un ex-joueur de football reconverti en chef des ventes de machines de fitness Cardiostrength.
Comment ces deux hommes seront-ils amenés à se rencontrer? Par l'entremise de Stina Mortensen, une représentante de l'ONG Terres d'Exil.
En effet, Célestin Wyomé, obsédé par le culte voué à son corps et aux moyens de l'entretenir, ne délivrera les prisonniers qu'à deux conditions : la libération de ses frères les Zivandes, mais surtout la possibilité d'aménager une salle de fitness équipée de 25 machines de pointe Cardiostrength.
Or, les USA ont décrété l'embargo : aucune marchandise ne sera plus acheminée vers la République d'Afrique septentrionale.
Stina fait donc appel à Frank dans l'espoir de mener à bien cette mission humanitaire...
Oui oui vous avez bien lu le résumé! 25 machines à muscles contre 20 000 âmes humaines...
C'est le deal loufoque qui pèsera durant tout le roman.
Alors que le récit s'ouvre sur le portrait peu reluisant (ou plutôt luisant) de Célestin Wyomé, le lecteur se rend rapidement compte que le nouveau président n'a pas encore le cerveau complètement atrophié par les stéroïdes puisqu'il tient tête, arguments à l'appui, au président américain, ni plus ni moins.
Ce qui saute directement aux yeux dans ce roman, c'est le mélange entre sérieux et humour.
Les portraits des deux personnages principaux laissent entrevoir qu'ils n'ont tous deux pas eu la vie facile.
Frank, ancien joueur de football professionnel, a dû renoncer à son rêve par peur de se blesser à nouveau et s'improviser une vie qui se résume à de "petites joies" à côté de celle qu'il aurait pu avoir.
Wyomé était orphelin. Il a travaillé plusieurs années comme mineur avant de pouvoir partir en Angleterre rejoindre une école de commerce. Il est ensuite revenu au pays avec l'intention d'en prendre le pouvoir.
Ensuite bien entendu, il y a le contexte politique hostile dans lequel baigne le roman.
Dans la mesure où Wyomé a obtenu le pouvoir de manière peu démocratique, celui-ci est rapidement qualifié de terroriste par les USA.
Des exactions ont été commises dans le camp de Kalambe, la chaleur a rendu les prisonniers malades et la tension monte...
Frank se retrouve coincé, bien malgré lui, dans une situation que ses convictions et son confort n'avaient pas prévu, ce qui lui vaut bien souvent des répliques piquantes et drôles, particulièrement dans ses échanges avec Stina, qui contrairement à lui a l'habitude du pays, ou encore avec son patron, un hypocrite de première dont les remarques ne valent que pour les autres.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a su faire coexister sérieux et humour.
Il faut dire que la situation particulière dans laquelle se retrouvent les personnages les disposaient à devoir un peu "décompresser".
Le style est fluide sans être simplet. Certaines répliques sont vraiment très drôles, cyniques comme je les aime.
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que l'auteur aimait beaucoup attribuer des surnoms à ces personnages tels que " le Grand Vizir", " le Grand Chef", "le Grand Légume", "Le Grand Satan américain",...
Je ne m'attendais pas à tant apprécier ce premier roman que je ne peux que vivement vous conseiller!
J'espère que Nicolas Esse aura l'occasion de publier d'autres romans, c'est tout le mal que je lui souhaite en tout cas!
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