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Citations sur Immobilité (15)

Les faibles doivent mourir sur Terre aux mains de la guerre, de la mort, de la peste et des maladies, après quoi seulement le Christ reviendra pour vivre parmi nous. Puis, pendant mille ans, il n'y aura aucune guerre et la Terre sera transformée et retrouvera l'aspect du jardin d'Éden. Il n'y aura plus aucune maladie et les peuples se comprendront mieux. Satan n'aura plus de prise sur les gens, et viendra le règne des justes. Est-ce déjà arrivé ? Non? Par conséquent le monde doit impérativement continuer d'exister jusqu'à ce qu'advienne la Seconde Venue .
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Nous disons non à la torture, et nous trouvons une raison pour torturer au nom de la démocratie. Nous disons non à des milliers de morts par l'explosion d'une seule bombe lâchée sur une ville étrangère sans défense, puis nous recommençons, avec cent mille bombes cette fois-ci. Nous disons non à des millions de morts dans les camps d'extermination, puis nous revenons à la charge, avec des millions de morts dans des goulags. L'homme est un poison. Peut-être vaudrait-il mieux que nous n'existions pas du tout.
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Petit matin et de nouveau réveillé et après un instant de panique soulagé de constater qu’il était toujours lui-même, qu’il se rappelait toujours son nom. Horkaï, Josef. Ses doutes, ses cauchemars, tenus à distance, pour le moment.
Il reposait sur le lit étroit, les yeux rivés sur la luminescence du mur nu et décrépit qui révélait par endroits son armature de fer sombre. À quoi avait servi cette pièce ? Un grand débarras, peut-être, ou un petit bureau. Quelle heure était-il ? Difficile à dire, sous cette lumière artificielle? Il tendit le bras et passa ses doigts le long du mur ; quand il les ramena, ils étaient couverts d’une substance lumineuse. Un genre de bactérie ou de champignon phosphorescent.
Il se força à s’asseoir, puis fit pendre ses jambes inertes depuis le bord du lit. La pièce était meublée, à part son lit, d’une sorte de bureau de fortune: une étagère en métal attachée au mur à hauteur des hanches, une chaise glissée dessous. Il se dandina vers le pied du lit, discerna dans l’éclairage blême un carnet et une tige de couleur sombre, peut-être un crayon. Il n’y avait rien d’autre dans la pièce, pas un seul livre.
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– Vous souvenez-vous pourquoi vous avez été stocké ? lui demanda Rasmus.
Horkaï ne se donna pas la peine de répondre. Rasmus déglutit. Il avait l’air nerveux, curieusement. Pourquoi ? se demanda Horkaï. Qu’est-ce qui m’échappe ?
– Manifestement, il y a quelque chose qui cloche en vous, dit Olaf.
– Vos jambes, par exemple, fit Oleg.
Rasmus hocha la tête.
– Le problème ne se limite pas à vos jambes, admit-il.
Il se passa la langue sur les lèvres.
– C’est mon père qui m’a tout expliqué, ajouta-t-il en détournant les yeux un instant. De plus, c’était il y a de nombreuses années, alors que j’étais très jeune. Si je me trompe sur certains détails, en voilà la cause.
– Entendu, dit Horkaï.
– À un moment donné, vous avez été exposé, continua Rasmus. Et pas qu’un peu, pas juste exposé brièvement comme nous l’avons été à l’instant. Selon Lammert, vous étiez assez proche pour que l’éclat lumineux traverse votre peau. Si proche en fait que vous auriez dû y rester.
– Mais vous n’êtes pas mort, dit Olaf.
– En tout cas pas complètement, ajouta Oleg.
– Silence, vous deux, interrompit Rasmus. C’est moi qui parle. Il s’est passé que vous avez perdu tous vos cheveux, jusqu’au dernier, continua Rasmus en se tournant vers Horkaï. Sur le flanc exposé à la déflagration, votre peau s’est trouvée complètement calcinée. Puis vous êtes resté au sol. Pendant combien de jours et de nuits, personne ne sait. Jusqu’à ce que quelqu’un vous découvre.
– Votre père, fit Horkaï, tout en pensant : Est-ce vraiment ce qui s’est passé ? Que s’est-il vraiment passé ?
Rasmus acquiesça.
– Lammert. Il vous a d’abord pris pour un cadavre, mais vous avez remué. Il portait une combinaison, mais il ne fallait pas qu’il s’attarde trop longtemps s’il tenait à sa vie. Pourtant vous gisiez à ses pieds, le corps à moitié carbonisé, exposé des jours durant, inconscient, et toujours en vie.
– Et après il…, commença Oleg.
– La ferme, Oleg, interrompit Rasmus, avant de se tourner de nouveau vers Horkaï. Il vous a relevé et vous a porté sur ses épaules, voilà ce qu’il a fait. Il vous a installé dans un centre de soin sécurisé – nous en disposions encore à l’époque, ajouta-t-il, à l’intention d’Oleg et Olaf. Il vous a mis sous perfusion et a attendu votre mort.
– Mais je ne suis pas mort.
– Pas exactement. Dans un certain sens, vous n’êtes pas mort. Mais dans un autre, vous êtes mort répétitivement. Votre trachée s’engorgeait souvent. Votre respiration devenait d’abord sifflante puis grasseyante et finissait par s’interrompre complètement. Parfois des heures durant, il faut croire. Puis, quelques minutes plus tard, quelques heures plus tard, vous crachiez soudain des caillots de sang et vous respiriez de nouveau. C’était un spectacle affreux, selon mon père. Comme si la mort s’amusait avec vous, vous tuait pour vous ramener ensuite à la vie. Il m’a souvent raconté comment il veillait sur vous, qu’une fois même il avait traîné votre carcasse dans le but de s’en débarrasser avant de se rendre compte, au beau milieu du hall, que vous n’étiez pas mort. Ça s’est prolongé comme ça pendant des jours et des jours, et après des semaines d’hésitation et de cafouillage à la frontière entre la vie et la mort, quelque chose en vous s’est transformé. Ça l’a affolé. Rapidement, votre peau ravagée a mué pour révéler une chair sous-jacente rose, glabre et sans imperfection aucune. Un jour ou deux plus tard, vous ouvriez les yeux et vous causiez, comme si de rien n’était.
Horkaï hocha la tête.
– Qu’est-ce que vous avez pensé ? demanda-t-il.
– Moi ? Je n’en ai rien pensé. je n’étais pas là. Je n’étais qu’un enfant.
– Qu’est-ce que votre père en a pensé ?
– Mon père a été surpris, répondit Rasmus.
Son débit donnait l’impression qu’il récitait une histoire par cœur.
– Il s’est dit que cette exposition prolongée avait dû vous endommager l’esprit, que dans le meilleur des cas, ç’avait dû vous griller le cerveau et vous rendre fou.
– Mais votre esprit était intact, dit Olaf.
– Vous alliez bien, admit Rasmus. Vous aviez l’air d’être en bonne forme.
Il fixa ses mains.
– Si c’était arrivé aujourd’hui plutôt qu’à l’époque, vous auriez été dans le pétrin. On vous aurait décapité ou brûlé. Mais mon père n’était pas superstitieux.
– On disposait d’explications, dit Olaf.
– La science peut tout expliquer, ajouta Oleg.
– Ou le pouvait, maugréa Rasmus. De nos jours, qui sait ? La science n’existe plus vraiment, en tout cas pas comme auparavant. Elle n’a pas été conçue pour notre monde mais pour celui d’avant.
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La sensation de revenir à la vie, mais pas complètement, une semi-vie peut-être. Une obscurité encore totale, à moins qu’un soupçon de lumière ne pointe à l’horizon. Des fragments sonores coincés entre l’oreille et le cerveau et dégelant lentement pour devenir des mots, s’égouttant lentement, sans qu’il soit possible de distinguer les paroles du présent de celles du passé, les choses imaginées de celles vraiment entendues. Le mot bouffer, ou alors couver. Clamser ou clamer, quelque chose dans le genre, difficile à dire lequel exactement, sinon aucun des deux. Clap ? Non, pas vraiment, mais clap déclenchait quand même quelque chose, était proche d’un autre terme. Happe ? Laps ?
Déjà les ténèbres se mouchetaient, mais rien de très net encore, des silhouettes ne tranchant pas assez avec le sol pour qu’on les distingue pleinement. Un écoulement, une sensation étrange, des intuitions de formes et de mouvements. Presque comme revivre.
Puis, soudain, des phrases. Vaseuses mais compréhensibles et dans le bon ordre – probablement vraies cette fois et pas imaginées. Ça :

– Bon, on va devoir l’utiliser, dans ce cas.
Une voix d’homme, rauque et forte.
– Vous pensez que c’est une bonne idée ?
Un autre homme, sans doute plus jeune. Une voix plus douce, en tout cas, plus calme.
– On a vraiment le choix ?
– Comment va-t-on gérer le problème ?
– Je vais trouver quelque chose.
– Mais quoi ?
Les voix s’assourdissaient, devenaient plus graves, commençaient à s’évanouir.
– Je ne sais pas.
Long silence.
– Je verrai bien. On fera au mieux.
– Alors, je le réveille ?
Une hésitation si longue que la conversation semblait terminée. Puis finalement :
– Oui, réveille-le.

Transition vers un bruit blanc. Sans doute le souvenir d’une discussion passée plutôt que des paroles vraiment entendues, mais à quelle époque ? Et qui parlait ? Est-ce qu’on parlait de lui ? S’ils parlaient de lui et que lui dormait, comment aurait-il pu les entendre ? Et sinon, pourquoi cette impression d’être au centre de la conversation ?
Bizarre, ce qui s’insinue dans le cerveau d’un mort, songea une partie de lui. Ou est-ce mon imagination ? se demanda une autre. Il se racontait des histoires, il faisait un rêve.
Et à qui je pense exactement quand je dis « il » ? se demanda-t-il. Pourquoi pas « je » ? À qui je pense ?
Puis une lumière éclata avec une telle force que, alors qu’il commençait juste à se retrouver, il se perdit de nouveau.
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